Parc des ours dansants
Ou plutôt des ex-danseurs parmi les ours. Il existait une drôle d'attraction en Bulgarie, perpétrée par les gitans, qui consistait à faire "danser" un ours brun. Et c'est dans les tentatives d'éradiquer cette pratique que le Parc des ours dansants et né. Voici son histoire.
Comment fait-on pour faire 'danser' un ours ?
L'attraction se résumait dans le fait de faire danser un ours, en accompagnement de quelques accords simples d'un petit violon populaire appelé gadulka et éventuellement le faire faire quelques petits numéros de cirque. Le gitan se baladait en centre-ville, sur les fêtes foraines ou même sur la côte de la mer Noire, parmi les estivants, menant l'ours à l'aide d'une chaîne accrochée à un anneau passée par son nez, percé à cette fin. Lorsque le gitan trouvait son public, il se mettait à jouer sur sa gadulka, tirait un peu sur la chaîne et voilà que l'ours se dressait sur ses pattes arrières et commençait à "danser".
Le calvaire des ours
En fait l'ours "dansait" car il a été rôdé à un entraînement bien cruel. Lorsque les gitans prennent le petit ourson, il le mettent sur une tôle posée sur de la braise ou chauffée pour qu'elle soit brûlante. Pendant que l'ourson se brûle les pattes et gigote de douleurs, le gitan se met à jouer sur sa gadulka.
Cette méthode appliquée régulièrement transformait, par réflexe, l'ourson en ours dansant. A chaque fois que le gitan commençait à tirer sur les cordes de son instrument, l'ours se dressait sur ses pattes et se mettait à bouger. Leçon douloureuse et bien retenue. L'ours n'avait pas d'autre choix que d'obéir. Il faut savoir que le nez et la lèvre inférieure des ours sont extrêmement sensibles. Il est donc un jeu d'enfant de les mener sur le bout d'une chaîne. Aussi, les gitans trouaient leur nez à l'aide de fer rouge, sans aucune anesthésie. La douleur pour l'ours est extrême et souvent il en résulte des plaies qui cicatrisent très mal.
L'indignation et la bonne action
L'action de la libération des ours esclaves a été initiée par la fondation autrichienne "4 pattes" et soutenue activement par Brigitte Bardot et le Ministère de l'environnement bulgare. En 2000 la fondation obtint la libération de 3 ours, les premiers habitants du parc. En 2001 trois autres les ont rejoint. En 2007 il en restait encore 11 ours qui exerçaient toujours comme "danseurs" sous la contrainte, dans divers coins du pays. A l'heure qu'il est l'existence d'ours danseurs est strictement illégal en Bulgarie et entre-temps le pays s'est doté d'une législation des plus strictes en matière de défenses des animaux, qu'ils soient sauvages ou animaux de compagnie (que deux pays en Europe en ont une telle).
La nouvelle maison des ours
Le parc se situe dans le lieu-dit Andrianov tchark, au dessus de Bélitza, à 1130 m dans les hauteurs de Rila et à 180 km au sud de Sofia. Le parc est situé au sein de forêts naturelles, dispose de quelques lacs pour la baignade des ours ainsi que de beaucoup de tannières pour leur sommeil d'hiver. Le parc est devenu vite très populaire et attire de nombreux visiteurs. Les habitants de Bélitza en sont naturellement très fiers et ne manquent pas d'apporter leurs efforts et soutien.
L'équipe du parc et les personnes engagées avec cette cause s'attellent désormais à sauver des ours des cirques, parfois tout aussi maltraités. Les visiteurs ne manqueront pas d'apercevoir les véritables dégâts causés par cette exploitation - certains ours sont nerveux, d'autres estropiés. Mais rassurez-vous, la majorité des habitants a très belle allure.
Le parc est très bien aménagé, l'environnement est véritablement naturel pour les ours et des sentiers discrets permettent aux visiteurs d'évoluer dans le périmètre. Habitués à la présence humaine, la plupart des ours ne sont pas craintifs et il est un réel plaisir de pouvoir les observer de très près. Certains spécimens sont impressionnants.
Cette expérience peut aussi vous rapprocher de celle d'une véritable rencontre que peuvent vivre des randonneurs dans les montagnes bulgares. En effet, il n'est pas rarissime qu'un ours croise le sentier des touristes. La Bulgarie compte, selon des données de 2017 publié par le Ministère de l'environnement et des eaux, entre 600 et 800 ours repartis essentiellement dans la zone du Balkan et dans le massif Rila-Rhodopes. Selon les unions des chasseurs le nombre se rapproche plutôt de 1 200. Au-dessus de Sofia, dans la montagne Vitocha, évolue une dizaine d'ours.
Comment le parc de Bélitza est devenu réalité ?
En 1999 la fondation "4 pattes" donna le top de sa campagne contre la torture des ours en Bulgarie. Le projet du parc démarra 1 an plus tard avec les efforts communs de la fondation autrichienne, celle de Brigitte Bardot et la municipalité de Bélitza sans oublier le Ministère de l'agriculture qui alloua 11 ha au parc. Même le pope de Bélitza et 2500 autres habitants n'ont pas hésité à donner un coup de main. L'inauguration se transforma en une vraie fête du folklore avec plus de 200 chanteurs et danseurs. Et pour une fois ce ne sont pas les ours qui ont dansé !
En dehors de son but premier qui est d'assurer un habitat pour les ours rescapés, le parc travaille toujours sur l'acquisition des ours dits "en activité". Des efforts particuliers sont fournis pour réadapter l'ours à son habitat naturel par des équipes de zoologues et de vétérinaires.
Même la nourriture des ours est cachée à des lieux improbables de façon que les ours puissent se rôder à leur activité journalière principale (en milieu sauvage) - la recherche de nourriture. Le parc de Bélitza est ouvert aux visites, en individuel ou par petits groupes. Des classes vertes forment les enfants à l'écologie et la vie des ours bruns. Le parc de Bélitza assure ses financements surtout grâce à des dons. L'entrée est gratuite.
Comment atteindre le Parc des ours de Bélitza ?
- en auto et en partance de Sofia, se diriger vers Pernik et bifurquer vers le sud en direction de Doupnitza et Blagoevgrad. Ensuite, à Simitli, tourner vers Bansko / Razlog et suivre les indications vers Razlog - Banya - Bélitza (Yakorouda).