La Bulgarie se retrouve sous la domination des Ottomans entre l'an 1396, année de la chute du dernier royaume bulgare de Vidin et l'an 1878, année de la libération de Bulgarie par la coalition formée par la Russie, la Finlande et la Roumanie dans le cadre de la guerre engagée en 1877 par la Russie contre l'Empire Ottoman.
Au XIV siècle l'Empire Ottoman s'installa dans la péninsule des Balkans, déchirée par les guerres des différents royaumes et principautés féodales. A Constantinople leur invasion fut interprétée comme une "punition divine". Néanmoins nombreux sont ceux qui préfèrent à l'époque voir le turban turque plutôt que la couronne du Pape. En effet, l'épisode latin, les saccages perpétrés par les Croisés et la dureté de l'Eglise catholique firent que la présence de ces non-chrétiens, tolérants vis-à-vis des libertés religieuses, fut bien plus acceptable. La présence d'un Empire Ottoman fort et en pleine expansion empêcha la conquête de ses terres par l'Occident catholique, qui alla se tourner plus tard vers les aventures maritime et la découverte des Amériques.
Au sein de l'Empire Ottoman régnait alors la dynastie des Osman. Elle affronta au XIV et XV siècle beaucoup de révoltes intérieures venues de la part d'autres communautés musulmanes et était harcelée à l'est par les Mongols. Dans les terres bulgares les tentatives de révolte et de libération furent fréquentes tout au long de la période ottomane, spontanées ou motivées par un contexte des guerres extérieures que diverses grandes puissances livraient régulièrement à l'Empire Ottoman.
Globalement, l'arrivée de l'Empire Ottoman sur la péninsule des Balkans marqua le début d'une époque de paix et de stabilité, surtout pour la paysannerie. Cette stabilité dura jusqu'au XVI-XVII siècle. Avant la conquête ottomane, les guerres incessantes sur la péninsule entre féodaux épuisaient les paysans qui avaient l'obligation de prendre en charge les soldats lorsqu'ils passaient par leurs villages. Après le XVII siècle débuta l'implosion de l'Empire et la condition des populations soumises se détériora suite à l'affaiblissement du pouvoir central au profit de féodaux locaux (les Beï).
La conquête ottomane provoqua de nombreux déplacements de populations. Ainsi, à la prise de Sofia 4 000 civiles furent transférés et établis à Constantinople (désormais Istanbul). A leur place furent implantées de populations nouvelles, déplacées de force de l'Asie Mineure. Ce cas de figure est représentatif globalement du fonctionnement de l'Empire ottoman.
Le système du Millet ottoman
Le système de gouvernance dans l'Empire ottoman était une sorte de théocratie, basée sur l'idée d'un ordre hiérarchique clair au sommet duquel trônait le sultan qui avait le pouvoir divin absolu. En même temps, dans l'Empire cohabitaient trois grandes communautés religieuses : les chrétiens, les juifs et les musulmans. Ces groupes n'étaient ni ethniquement, ni religieusement homogènes à l'intérieur. Afin d'établir un confort global l'Empire Ottoman structura ses sujets en deux catégories : les fidèles (sphère de paix, les musulmans) et les infidèles (sphère de guerre, les non-musulmans). Les droits et les obligations des individus se définissaient en fonction de leur statut social et des spécificités de la communauté à laquelle ils appartenaient. Les musulmans constituaient la majorité des "ayant droit", à l'opposé des minorités soumises dans l'empire bien que dans la plupart de ses régions ce furent les musulmans qui représentaient, sur le plan de l'occupation du territoire, une minorité.
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