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Panaïot Hitov

Lors des cérémonies militaires des fêtes nationales en Bulgarie, avant le feu d'artifice, il y a toujours une lecture des noms des personnalités bulgares et étrangères ayant contribué à l'indépendance et à la sauvegarde de la Bulgarie durant son histoire.

Un de ces noms est celui de Panaïot Hitov (Панайот Хитов), résistant et révolutionnaire bulgare, figure politique de la fin du XIX et du début du XX siècle. Il joua un rôle actif dans le mouvement pour la libération de la Bulgarie de l'Empire ottoman et a accompagna un grand nombre d'autres hommes illustres sur le même chemin, comme Vassil Levski, Hristo Botev, Stefan Karadja, Hadji Dimitar, Guéorgui Rakovski. Visionnaire, humaniste, il fut aussi écrivain à sa manière car il a retracé avec un certain style l'ensemble de sa vie active et ses tribulations. Ces notes furent éditées de son vivant par Lyuben Karavélov. Dans les années 1970 le musée d'histoire de Roussé a racheté les écrits personnel de P.Hitov à ses héritiers. Plus tard ils furent rassemblés dans un recueil complet par l'écrivain Nikolaï Haïtov. Une partie des écrits originaux (la dernière), hélas, n'a jamais été retrouvée.

Les notes de Panaïot Hitov sont la seule source écrite originale et complète sur le mouvement de résistance organisé en Bulgarie durant la période de la domination ottomane.

Il est né en 1830 à Sliven (Bulgarie de sud-est). Issu d'une famille modeste et nombreuse, comme la très grande majorité des gens de cette époque il sera destiné à une vie de paysan, occupé tantôt à l'élevage de bétail, tantôt au petit commerce. D'un esprit d'entrepreneur, il montera quelques affaires, parfois en bonne association commerciale avec des ottomans jusqu'à ce qu'il subisse des pressions et des menaces sur sa vie, consécutives à une affaire familiale résolue à son détriment avec l'aide d'un juge local corrompu. Les petits accablements s'enchaîneront aux menaces de meurtre, au climat global d'insécurité et de banditisme largement répandu et couramment impuni à cette époque et c'est ainsi qu'en 1858 Panaïot Hitov quitta la vie ordinaire pour entrer dans une vie de résistant.

Il rejoint au début le groupe armé de Guéorgui Trankin, constitué d'une dizaine d'hommes et dont l'action se résume à des attaques épisodiques contre tel ou tel bandit de chemin ou de renom. Deux ans plus tard le chef du groupe est tué lors d'une embuscade qu'ils tentent contre un convoi turc et Panaïot Hitov sera désigné comme nouveau chef du groupe. Il est bientôt rejoint par d'autres jeunes volontaires de Sliven et les environs. Parmi eux il y a Stefan Karadja et Hadji Dimitar, immortalisés par un poème de Hristo Botev, qui tomberont des années plus tard comme chefs de leur propre groupe de résistance dans une bataille dans le Balkan.

La vie de maquisard s'avère bientôt insuffisante à l'idée naïve qu'il se faisait de la lutte armée pour plus de libertés et d'indépendance. Il s'interroge sur la nécessité d'une action plus organisée et à une échelle bien plus vaste. Dans cette optique il décide de rejoindre les milieux révolutionnaires bulgares en exil à Bucarest, en Roumanie. Il y parvient en 1864 avec une partie de son groupe. Là-bas il rencontre l'un des idéologues de ce mouvement - Guéorgui Rakovski, créateur de la Première légion bulgare (à Belgrade, constituée de volontaires bulgares). Hitov le trouva affaibli, bien loin de la gloire populaire dont il faisait objet. Rakovski fait, par la suite, l'objet de bien de critiques dans ses notes. C'est en Roumanie que Hitov rencontre le jeune Vassil Levski, ainsi que Hristo Botev, deux hommes qui tiennent aujourd'hui la place la plus haute dans le panthéon des héros bulgares.

La prise du bateau Radetzki fut une idée précisément de Panaïot Hitov, même si celui-ci ne l'avait pas prévue à la base comme une action isolée, comme l'entreprise de Botev.

Vassil Levski sera son porte-drapeau dans le groupe armé qu'il forma et à la tête duquel il entra en Bulgarie le 28 avril 1867. Vassil Levski resta quelque temps sous le commandement de Hitov, avant d'entreprendre son propre chemin. Ce groupe avait pour but de promouvoir l'idée d'une révolution collective auprès des populations et sonder l'humeur populaire. En août de la même année, ensemble avec le restant du groupe armé de Filip Totyu, Panaïot Hitov quitte la Bulgarie et se réfugie en Serbie (libérée de la Turquie à cette période). En 1868 il participe dans la formation de la Seconde légion bulgare et en 1872 il est élu président du Comité central révolutionnaire bulgare lors de l'assemblée générale à Bucarest, Roumanie.

Même s'il préside les réunions du comité sur la préparation des insurrections de Stara Zagora (1875) et l'insurrection d'Avril 1876, il ne prend pas part comme chef de groupe, influencé par les Serbes, qui vouent ces actions à l'échec. Par ailleurs Panaïot Hitov croit beaucoup plus à un effort commun avec la Serbie (qui a encore des terres à récupérer) qu'à la capacité seule des Bulgares à se libérer. Il participera comme commandant dans la guerre opposant la Serbie à la Turquie, avec ses propres hommes.

A la déclaration de la guerre russo-turque (1877-1878) il participa activement dans les opérations de terrain. Il intégra l'état-major du général Gourko, fournit des informations précieuses qui servirent pour déterminer les passages des troupes à travers le Balkan et fut envoyé à plusieurs reprises dans des missions de reconnaissance de l'armée russe. Après la fin de la guerre, la Bulgarie du sud est restitué par les grandes puissances occidentales à l'Empire ottoman et Panaïot Hitov s'installe à Roussé. En 1885 un vaste mouvement populaire conduit à l'Union de la Bulgarie divisée et Panaïot Hitov entra à Sliven à la tête d'un détachement militaire constitué de volontaires. Il fut acclamé par la population, telle une icône.

L'Union à peine réalisée, éclate la guerre entre la Bulgarie et la Serbie, dans laquelle il participa également. Par la suite, il sera en poste d'intendant de Sliven et même élu député dans l'Assemblée nationale. Sous le gouvernement de Stefan Stambolov, il fut brièvement jeté en prison et libéré sous caution, pour cause de ses positions politiques pro-russes. Cette arrestation provoqua une vaste indignation populaire.

Panaïot Hitov termina sa vie à Roussé, où il est mort le 22 mars 1918. La maison où il habita ainsi que sa tombe s'y trouvent toujours. Durant la période de résistance il accomplit avec son groupe environ 60 assassinats de divers "oppresseurs et exploitants du malheur du peuple".

La vie privée de Panaïot Hitov

Il se maria assez tard, à l'age de 27 ans, pour une fille qui se prénommait Boïka, sa voisine et de laquelle il s'était épris depuis un long moment. Il explique dans ses écrits que c'est sa condition pauvre qui le conduit si tard au mariage. Il fut sollicité pour être marié avec d'autres filles mais garda sa décision. Avec Boïka ils eurent un fils, Lyutzkan. Panaïot Hitov n'a pas pu bénéficier de son état de père car c'est encore avant la naissance de son fils qu'il s'enfuit dans la vie de résistant, avec le frère de son épouse Boïka, Stoyan. La naissance de son fils fut une cause de grande joie chez lui et il descendait fréquemment voir sa petite famille. Séparés, ils furent cependant heureux avec sa femme, grâce à la présence de l'enfant. Malencontreusement leur fils décéda à l'age de 4 ans suite à un mal de gorge. Deux ans après, Boïka tomba malade et décéda à son tour. Le bonheur fut définitivement brisé pour Panaïot Hitov, qui inconsolable, décida depuis ce jour de se consacrer entièrement à la cause révolutionnaire.

Le malheur survenu à cette union a engendré plusieurs chansons de folklore qui relataient l'histoire de Boïka et Panaïot. Les habitants du village d'Itchéra racontent qu'après 1878 Panaïot Hitov fut appelé à Jéravna à titre de témoin dans une affaire de propriété foncière entre l'état et la commune. A son arrivée, un homme se mit spontanément à chanter une de ses chansons, ce qui provoqua une grande émotion chez Hitov, qui silencieux, pleura.

Durant sa période serbe, Panaïot Hitov se maria une seconde fois, à l'age de 44 ans, avec la fille du juge d'appel de Belgrade Ekaterina Brankovitch. Ils eurent trois enfants, deux garçons (Siméon et Alexander) et une fille (Irina). Siméon (1876-1959) fit des études de médecine à Lyon, qu'il paracheva par une spécialisation à Paris et travailla plus tard comme médecin militaire en Bulgarie. Alexander (1881 - 1938) fit des études de droit et fut président de la cour régionale de Sofia, ainsi que juriste auprès de la Banque de Bulgarie. La fille Irina (née 1878) fit sa vie comme professeur dans le lycée des garçons à Sliven.

Seul Alexander eu un fils et une fille. Il prénomma son fils comme son père : Panaïot. Le petit fils de Panaïot Hitov, le docteur Panaïot Hitov passa sa vie à Roussé et fut un dermatologue respecté. En revanche il ne se maria jamais et n'eut pas d'enfants. Sa sœur Lilyana n'eut pas d'enfants non-plus. Ainsi s'acheva la descendance de Panaïot Hitov.

La seconde épouse de Panaïot Hitov décéda à Roussé en 1933.

Documentaires video

En suivant ce lien https://wn.com/Panayot_Hitov vous pouvez visualiser une vidéo de la chanson populaire qui consacre l'amour de Panaïot et Boïka ainsi qu'un film documentaire en 3 parties (en bulgare), réalisé par le centre de télévision de Roussé sur la vie de Panaïot Hitov.

Panaïot Hitov avec deux de ses hommes