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La Bulgarie vue par Larousse en début du 20e siècle

Voici une lecture intéressante pour les passionnées de la Bulgarie ! En début du XX siècle ( ~ 1905) est paru le Nouveau Larousse Illustré, Dictionnaire Universel Encyclopédique en plusieurs volumes.

Dans son deuxième volume, lettre B, on trouve la Bulgarie, telle que les géographes et les voyageurs l'ont vue en son temps.

Géographie physique

BULGARIE(principauté de) - pays au N.-E. de la péninsule des Balkans, composé de la Bulgarie et de la Roumélie orientale.

- Géographie physique - Le relief du sol de la Bulgarie se compose essentiellement des chaînes du Balkan et de l'Anti-Balkan (v. BALKANS [monts], qui se soudent, dans la région de Sofia, aux massifs rouméliotes du Perim-Dagh et du Despoto-Dagh (Rhodope), et séparent l'une de l'autre les deux dépressions du Danube inférieur et de Philippopoli (NdR - Plovdiv).

L'empâtement montagneux voisin de Sofia est une zone importante au point de vue des communications naturelles, et dont voici les traites principaux d'après Th.Fischer : ce sont des chaînons granitiques et calcaires, N.-O.-S.-E., coupés par de profondes vallées, comme celle de la haute Strouma (Strymon), et dont l'ensemble se trouve délimité du côté du système balkanique par le "bassin de Sofia" (haute vallée de l'Isker), fond marécageux d'un ancien lac.

La soudure de ces montagnes avec les massifs éruptifs du Perim-Dagh et du Despoto-Dagh se fait par un énorme nœud montagneux, qui commence au S. de Sofia au mont Vitoch (2.300 m.), et atteint sa plus grande altitude sur la frontière, au Rilo-Dagh (2.673 m.), en des solitudes sauvages de rocs nus habités par le chamois; le bassin de Sofia lui-même communique avec celui de Philipopoli par des passes faciles entre l'Isker et la Maritza, les principales étant voisines d'Ichtiman (porte de Trajan (Ndr. Troyan).

La dépression du Danube inférieur est constituée en Bulgarie par un plateau adossé aux Balkans; son altitude s'abaisse de 450 à 150m, des "collines de l'Avant-Balkan" au fleuve même, dont il domine par d'abruptes falaises de 100 m. les marécages et les sinuosités. Formé de calcaires, craies et grès miocènes, que recouvre un épais limon, ce plateau est occupé au N.-O. par des steppes ou les terrasses désolées du karst, au N.-E. dans le Déli-Orman (NdR - région de Razgrad), par des ondulations plus accentuées et bien boisées, où l'on trouve riche faune d'ours, lynx, sangliers et chevreuils; partout il est creusé de vallées, perpendiculaires au Danube à l'O.(Isker, Osma, Iantra), divergentes entre elles à l'E., mais toutes très étroites et accidentées à leur partie supérieure (défilés de la Iantra vers la passe de Chipka).

Au contraire, le bassin de Philippopoli (180 m.) est une vaste cuvette allongée, parcourue par les eaux abondantes de la Maritza et de la Taundja, et dont le fond calcaire se relève au S. vers le Rhodope et le Strandja-Dagh (NdR - montagne de Strandja). Il forme une région bien abrité, et dont le climat, quoique continental encore, est plus régulier et surtout plus humide qu'au N. des Balkans : à Philippopoli, la température n'atteint jamais les extrêmes de Sofia, alternativement enfouie sous la neige et brûlée par le soleil.

Géographie administrative

- Géographie administrative. La Bulgarie a 63.160 kilom. carr. de superficie, et, jointe à la Roumélie orientale, elle a un total de 96.660 kilom. carr.

Il y a en Bulgarie et en Roumélie orientale : Bulgares, 2.500.000; Turcs, 570.000; Grecs, 60.000; Tziganes, 52.000; Juifs, 27.500; Alllemands, 3.600; Russes, 1.800; en tout, avec les autres nationalités, 3.309.890 hab., dont 2.317.500 pour la Bulgarie et 992.390 pour la Roumélie. Mais, sur ce chiffre, les orthodoxes-bulgares sont l'immense majorité : 2.610.000 contre 643.000 musulmans, 28.000 catholiques, 27.500 israélites. C'est donc la religion, autant que la race, qui paraît faire l'union de la Bulgarie et de la Roumélie, et qui, en tout cas, explique la force de la Bulgarie dans les Balkans.

La Bulgarie du Nord est partagée en 17 départements appelés okroug, divisés en 57 districts, dits okolia; la Bulgarie du Sud, en 6 départements et 28 districts. Chacun de ces départements porte le nom de son chef-lieu. Les chefs-lieux sont : Sofia, Vidin, Trnova (ou Tirnovo) (NdR - Véliko Tarnovo), Varna, Roustchouk (NdR - Roussé), Razgrad, Choumla (NdR - Choumen), Koestendir (NdR - Kyustendil), Trn (NdR - Tran), Silistrie (NdR - Silistra), Lom, Rahova, Vratsa, Plevna (NdR - Pléven), Lovetch, Philippopoli (NdR - Plovdiv), Sevlievo, Svitchtov, Stara-Zagora, Slivono (NdR - Sliven), Tatar-Bazardjik (NdR - Pazardjik), Khaskoei (NdR - Haskovo), Bourgas.

La capitale de la Bulgarie est Sofia; les villes principales sont Philippopoli, Varna, Roustchouk, Slivono et Choumla.

Géographie économique

- Géographie économique. La mise en valeur du sol est plus avancée en Bulgarie que dans le reste des pays des Balkans. Du minerai de fer est exploité à Samakov (NdR - Samokov), de la lignite près de Vidin, et de la houille à Pernik, près de Samakov. Un vingtième seulement du territoire et incultivable, et un tiers utilisé par des labours, des forêts, prairies, vignobles et jardins. Malgré la défectuosité des instruments et méthodes agricoles, la fertilité naturelle du sol, le labeur des Bulgares, qui travaillent leurs champs avec des buffles, procurent de bonnes récoltes de froment, d'orge, de maïs destiné, comme dans la puszta hongroise, à l'engrais des porcs; mais les vignobles sont médiocres, la culture du tabac localisée encore, ainsi que celle du mûrier et des roses pour l'essence.

L'industrie et le commerce sont en retard:il n'y a que peu d'usines notables, surtout des minoteries, des brasseries, quelques filatures, et une grande fabrique à Gabrovo du drap appelé "chaïat"; les seules voies ferrées importantes sont celles qui relient Belgrade à Andrinople et Constantinople par Sofia et Philippopoli et la ligne de Roustchouk (NdR. - Roussé) à Varna. L'exportation dépasse l'importation, et consiste surtout en achat de grains par la Turquie; l'Autriche, l'Angleterre et l'Allemagne importent des métaux et tissus. Custendjé (NdR - Kyustendil), Varna et Bourgas sont reliés par des lignes de navigation de la mer Noire à Odessa et Constantinople, et les grands vapeurs des Messageries maritimes (Roumanie), de la Navigation générale italienne et du Lloyd autrichien remontent le Danube jusqu'à Galatz et Braïla (commerce de grains). La population, qui s'accroît très vite, et peu agglomérée.

Histoire

Les contrées constituant la Bulgarie actuelle et qui, dans l'antiquité, faisaient partie de la Thrace, furent colonisées par les Romains qui en firent les provinces de Moesie (au N. des Balkans) et de Thrace (au S.).

Les Slaves y pénétrèrent au Ve et au VIe siècle. Un peuple de race finnoise, les Bulgares, arriva en 679 et constitua un royaume dont la population était, en majeure partie, slave. Les Bulgares se slavisèrent peu à peu. En 864, leur roi Boris se convertit au christianisme

Le royaume de Bulgarie eut sa période de gloire, particulièrement sous Siméon (893-927), qui fit de vastes conquêtes. Soumise à l'empire byzantin de 1018 à 1196, la Bulgarie fut délivrée par Jean et Pierre Asen (NdR - les frères Ivan et Pétar Assen ), dont la dynastie régna à Tirnovo (NdR. - Véliko Tarnovo) jusqu'en 1257 et étendit sa domination jusqu'à la mer Égée (NdR. - période du Second royaume bulgare).

Attaquée au XIVe siècle par les Serbes et par les Turcs, la Bulgarie fut démembrée; en 1396, elle était tout entière aux mains des Turcs. Un grand nombre de Bulgares se firent musulmans; ceux qui restèrent chrétiens furent soumis au clergé phanariote. Les Turcs les maintinrent sous un joug de fer. Quelques patriotes (Sofroni, Païsi), à partir de la fin du XVIIIe siècle, travaillèrent à reconstituer la nationalité bulgare; leur action prit une forme littéraire et religieuse à la fois.
Les catholiques réussirent à constituer en Eglise unie un assez grand nombre de Bulgares, désireux, avant tout, d'échapper à la domination du clergé phanariote (1864-1870); mais ce fut l'orthodoxie grecque qui l'emporta. En 1870, un firman (NdR. - document administratif ottoman) fit de l'Eglise bulgare une communauté religieuse indépendante, ayant à sa tête un exarque indépendant.

Révoltée en 1875, la Bulgarie fut ravagée par les bachi-bouzouks. Les "horreurs bulgares" furent le début de la crise qui aboutit à la guerre russo-turque (1877). Les Russes, pénétrant en Bulgarie, y constituèrent des troupes indigènes qui prirent part aux brillantes actions de cette guerre.

Le traité de San-Stefano (3 mars 1878) constituait une grande Bulgarie, qui devait comprendre tous les pays situés entre le Danube, la mer Noire et l'archipel, à l'exception des environs de Constantinople. Le traité de Berlin laissa à la Turquie une partie des territoires ainsi promis aux Bulgares; il constitua au N. du Balkan une principauté vassale, gouvernée par un prince choisi avec l'assentiment des puissances, et au S., une province autonome, la Roumélie orientale (13 juill. 1878). En décembre 1878, l'Assemblée nationale, réunie à Tirnovo, élut le prince Alexandre de Battenberg. La Roumélie orientale eut pour gouverneur Aleko-pacha, puis (1844) Gavril-pacha.
Des officiers russes organisèrent l'armée bulgare. Les tendances unionistes prirent, dans les deux partis de la Bulgarie, une force qui aboutit à la révolution de septembre 1885 à Philippopoli (NdR - Plovdiv); les patriotes de Roumélie appelèrent le prince Alexandre, qui réunit la Bulgarie à la Roumélie; mais il abdiqua (7 sept. 1886). Les régents Stamboulof (NdR - Stéfan Stambolov), Karavelof et Moutkourof firent élire le prince Waldemar de Danemark (11 nov. 1886), qui refusa, puis le prince Ferdinad de Saxe-Cobourg (août 1887).

Les grandes puissances ne purent se mettre d'accord pour reconnaître le nouveau prince, que l'Autriche traita avec bienveillance particulière, surtout à partir de 1889, et que le sultan se montra, assez vite, disposé à reconnaître, mais auquel la Ruissie était très hostile. En 1890, le gouvernement bulgare obtint de la Porte (NdR. - le sultan) la concession de bérats aux évêques bulgares de Macédoine. A l'intérieur, le gouvernement de Stamboulof eut à lutter contre une vive opposition qu'il réprima sévèrement (procès et exécution du major Panitza, 1889, etc.). Plusieurs assassinats politiques furent commis; le dernier fut (189) celui de Stamboulof, qui, en dissentiment avec le prince, avait donné sa démission l'année précédente. La nomination de son successeur, Stoïlof (1894), fut le point de départ d'un mouvement de rapprochement avec la Russie. La diplomatie du prince Ferdinand aboutit enfin. Son fils, le prince Boris, étant passé à l'orthodoxie (1896), la conséquence immédiate fut une réconciliation, suivie elle-même de la reconnaissance du prince Ferdinand par toutes les puissances (1897).

 

- BIBLIOGR. : Jireckzek, Geschichte der Bulgaren (Prague, 1876); Sokolov, Histoire ancienne des Bulgares (en russe, Saint-Pétersbourg, 1879); L.Léger, la Bulgarie (Paris, 1886); Saint-Clair and Brophy, Twelve years' study of the Eastern Question in Bulgaria (Londres, 1877); compte de Cholet, Etude sur la guerre bulgaro-serbe (Paris, 1891); Lamouche, la Bulgarie dans le passé et le présent (Paris, 1892); Drandar, les Evénements politiques e Bulgarie depuis 1876 (Paris, 1896); un diplomate, Bulgarien un der Bulgarische Fürstenhof (Berlin, 1896).

Constitution

Aux termes du traité de Berlin 13 juill. 1878) et de la Constitution de 1879, revissée le 15 mai 1893, la Bulgarie est une principauté autonome et tributaire, sous la suzeraineté de la Porte (NdR. - le sultan ottoman). Elle a un gouvernement chrétien, et le prince héritier doit être orthodoxe. Toute difficulté a disparu, sur ce point, pour la famille régnante, depuis la conversion du prince héritier Boris à l'orthodoxie (2 féevr. 1896).

Le pouvoir législatif est exercé par une Chambre unique (Sobranjé) (NdR - à lire Sabranié), qui doit compter un député par 20.000 habitants. Cette Chambre est élue pour cinq ans, et peut être dissoute par le prince, sur l'avis du conseil des ministres. Ceux-ci sont au nombre de six : affaires étrangères et culte, intérieur, instruction publique, finances, justice, guerre.
Lorsqu'il s'agit d'une cession de territoire, d'une révision constitutionnelle ou de la candidature du prince à une autre couronne, l'affaire doit être soumise à une assemblée spéciale le "Grand Sobranjé", qui siège à Tirnovo (NdR Véliko Tarnovo), dont le nombre des membres est double de celui des députés du Sobranjé ordinaire.

Toutes les dépenses doivent être autorisées par la Chambre; toutefois, en cas d'obstacle à sa convocation, le prince, sur la proposition des ministres, peut décréter un emprunt jusqu'à concurrence de 3 millions, ou ordonnancer des crédits extraordinaires jusqu'à concurrence d'un million.

Armée et marine

L'armée bulgare est répartie en six divisions (Sofia, Philippopoli (Plovdiv), Slivno (Sliven), Choumla (Choumène), Roustchouk (Roussé) et Vidin), dont chacune comprend 4 régiments d'infanterie à 2 bataillons de 4 compagnies, plus 3 compagnies groupées à part et 1 compagnie indépendante dite de frontière. A ces 6 divisions sont rattachées : 6 régiments d'artillerie de campagne dont l'ensemble comprend 45 batteries (de campagne ou montagne), 6 compagnies du train, et 6 détachements du service de santé.

La cavalerie, qui compte 1 état-major de division, 4 régiments et 24 escadrons, est à la veille d'un changement d'organisation qui doit la constituer en autant de régiments à 4 escadrons qu'il y a de divisions d'infanterie. A cela il faut ajouter : l'artillerie de forteresse (3 bataillons à 3 compagnies, plus 5 batteries d'obusiers), et les troupes techniques (3 bataillons de pionniers à 4 compagnies, plus 1 compagnie isolée, 1 compagnie de chemins de fer et 1 compagnie de télégraphistes).

L'effectif budgétaire de paix est d'environ 40.000 hommes. L'ensemble des forces dont la Bulgarie disposerait en cas de guerre peut être évalué comme il suit :

Armée active de campagne 90.000 fantass. 4.700 caval. 312 canons.
Réserve 60.000 --- 2.300 --- 120 ---
Troupes territoriales 28.000 ---    
Soit au total 178.000 fantass. 7.000 caval. 432 canons

L'organisation du ministère de la guerre comprend d'abord un état-major de l'armée formant 3 sections : section des opérations militaires, section d'organisation, section administrative. Au ministère ressortissent, en outre, les inspections de l'infanterie, de l'artillerie et du corps de santé, le département de la justice militaire et les archives.

Le service est obligatoire à partir de vingt ans accomplis; il dure, dans l'armée active : 2 ans pour l'infanterie et 3 ans pour les autres armées; puis on passe 4 ans dans le 1er ban de l'opoltchénié ou milice territoriale, et 4 ans encore dans le second ban.

La marine bulgare ne compte que quelques petits bâtiments, sur le Danube et la mer Noire.