Tzarevetz
Tzarevetz est le nom du quartier médiéval qui abritait la cour royale bulgare entre le XII et le XIV siècle, située sur une colline rocheuse à Véliko Tarnovo, entourée des méandres de la rivière Yantra. Site archéologique médiéval majeur, animé à certaines occasion par un bel spectacle son et lumières.
Tzarévetz fut la cité royale dans la capitale du Second royaume bulgare (1185 - 1393) - Véliko Tarnovo. C'est un site archéologique médiéval majeur en Bulgarie et le principal à Véliko Tarnovo. Le site occupe une hauteur qui porte l'appellation Tzarevetz (nom propre qui porte une signification de "au roi(s)"), perchée au dessus de Yantra, la rivière qui serpente à travers Véliko Tarnovo.
La ville royale fortifiée fut naturellement protégée par ce terrain rocheux et escarpé. Elle était réputée imprenable et résista longtemps au siège lors des invasions ottomanes. Selon la légende populaire Tzarevetz tomba non suite aux assauts ennemis mais grâce à la traîtrise. La grande porte fut ouverte dans la nuit de 17 juillet 1393 en échange d'une sacoche remplie de pièces d'or. Selon la légende, le traître fut aussitôt décapité par les Ottomans. En réalité, de nombreux lieux forts bulgares ont négocié la reddition en échange de la sauvegarde des richesses et de la situation de la noblesse (au moins dans un premier temps).
Tzarévetz - cité royale de la capitale du Second royaume bulgare
Tzarévetz disposait d'une enceinte fortifiée qui faisait le pourtour des environs de façon à ne présenter que de très hauts murs, inabordables. L'épaisseur de la muraille était en moyenne 2,4 m et à certains endroits elle atteint 3,6 m. Des tours défensives la couronnaient, en appui des meurtrières classiques.
L'enceinte de Tzarévetz fut construite par étapes consécutives. Les premières fondations furent posées par les Romains (les Byzantins) au début du V siècle. Notons ici qu'à une vingtaine de km de Véliko Tarnovo se trouve Nicopolis ad Istrum, la cité que l'empereur Trajan érigea pour célébrer sa victoire sur les Daces, et qui fut grande et somptueuse. Le développement de Véliko Tarnovo est bien plus plus tardif que Nicopolis ad Istrum. Les fortifications de Tzarevetz s'agrandirent dans la première moitié du XII siècle et durant le XIII siècle l'enceinte fut renforcée et ajustée à plusieurs reprises.
La forteresse avait 3 entrées. La principale se situait dans la partie occidentale, sur un massif rocheux et étroit. La roche était creusée pour créer une fosse et rendre l'accès encore plus difficile. Un pont amovible et 3 portes posées sur une distance de 73 mètres protégeaient ce point d'entrée.
La seconde entrée de Tzarévetz s'appelle la Petite porte (dite encore la porte d'Assen), située sur la muraille nord-ouest. Elle reliait Tzarévetz à Trapézitza (la hauteur en face de Tzarevetz, site archéologique en étude depuis quelques années).
La troisième entrée se trouvait non loin de la tour défensive sud-est. Elle se nommait la porte Frenkhisarska et reliait Tzarévetz au quartier des Francs (l'appellation est ottomane est signifie la porte des Francs).
Tzarévetz comptait beaucoup de constructions. Ici se trouvent les plans de plus de 370 habitations, 22 églises (dont 4 de l'époque byzantine) et 4 monastères. En dehors de la noblesse et du clergé beaucoup de gens ordinaires habitaient dans la cité - artisans, servants, commerçants, agriculteurs. Entre le XII et le XIV siècle Tzarévetz devait compter une population d'entre 3 000 et 3 200 personnes, repartie dans 3 quartiers. Les habitations variaient en fonction de leur type - petites, en pierre et de plain pied ou bien comportant plusieurs pièces et élevées jusqu'à sur 3 étages. Tzarévetz était quadrillée par un système dense de rues et de ruelles, il existait même quelques petites places publiques.
Le Palais Royal de Tzarévetz
Le palais des Rois Bulgares s'érigeait dans la partie centrale de Tzarévetz, sur une surface totale de 4 872 m². Il fut entouré d'une enceinte avec tours défensives. L'accès vers l'intérieur était gardé par 2 portes. La principale se trouvait au nord et était protégée par 3 grandes tours défensives. L'entrée du côté sud donnait accès à la partie du palais réservée aux besoins des services et de l'approvisionnement. Une quatrième tour gardait cette entrée. Les constructions du palais formaient une vaste cour intérieure. Dans sa partie ouest se situait la salle du trône, les salles d'accueil et celles abritant les diverses services du palais.
Le long de la muraille orientale se trouvaient les habitations et les ateliers et au dessus d'eux, sur la colline, les caves. La partie sud-ouest abritait les cuisines et les fours ainsi que toutes les pièces à l'usage des domestiques. Dans la partie orientale se dressait l'église du palais Sainte Petka (ou Sainte Paraskéva). Les destructions et les prélèvements de matériel de construction au fil des siècles ont amené à la disparition de la quasi-totalité du site mais les fouilles archéologiques ont permis d'apprendre en peu plus sur ce qu'était le palais royal de Tzarévetz, tel que nous le connaissons aujourd'hui. Il y a avait une première étape de construction vers la fin du XI siècle lorsque le palais fut construit sur les fondations d'édifices byzantins.
Après l'insurrection des frères Petar et Assen contre Byzance qui ont amené au rétablissement de la souveraineté bulgare sous l'appellation de Second royaume bulgare en 1185 le palais fut incendié. Au XIII siècle, sous le roi Ivan Assen II, le palais s'est vu rajouter ses parties orientale et occidentale et au XIV siècle, sous le roi Ivan Alexandre, le palais adopta la forme qu'on voit aujourd'hui.
Le palais fut incendié et détruit à la chute de Tzarévetz sous les attaques ottomanes. Les fouilles ont mis à jour des pièces maîtresses de l'artisanat bulgare du Moyen-Âge - orfèvrerie, poterie, travail sur pierre, gravure. Elles sont exposées dans la collection "Véliko Tarnovo - capitale de la Bulgarie du XII au XIV siècle".
La Patriarchie Bulgare
La Patriarchie est le siège du patriarche - la tête de l'église orthodoxe bulgare (équivalent du pape chez les catholiques). Elle représente le second ensemble architectural de Tzarévetz, déployé sur une surface de 3 000 m². Tout comme le Palais Royal, la Patriarchie revêtait l'aspect d'une forteresse indépendante, avec ses propres murailles, portes et tours défensives. L'entrée se situait de côté occidental et avait 2 portes successives. Au sud et au nord s'élevaient 2 tours défensives. Dans ces parties se trouvaient également les habitations et les pièces à l'usage des servants.
Dans la partie centrale, sur le point le plus élevée, se dressait l'église du patriarche "L'ascension du Christ", considérée comme l'église-mère de églises bulgares. Elle fut érigée sur les fondations d'une basilique chrétienne antérieure, datée de la fin du V et le début du VI siècle. L'église fut construite à 2 étapes - au XIII siècle où elle était dotée d'un nef et au XIV siècle lorsqu'elle fut considérablement agrandie, des coupoles furent rajoutées et l'église adopta la forme d'une croix.
Dans la partie méridionale il y avait 3 bâtiments, dont un était une tour avec clocher, une exception dans l'architecture chrétienne des Balkans. Son intérieur fut richement décoré en fresques. Il n'en reste rien d'autre que des morceaux car, à l'instar de toutes les églises de cette époque, elle fut détruite à la prise de la cité.
De grands travaux de restauration ont été menés pour remettre en état les portes, les murailles, l'église l'Ascension du Christ et la tour avec le clocher. L'intérieur de l'église est reconstitué sur inspiration libre de l'architecte, aucune source ne permettant de connaître son état original. L'équipe qui s'est chargée de cette tâche a été présidée par le peintre bulgare Téofan Sokérov. Le visiteur y trouvera des sculptures et des dessins représentant l'histoire politique et culturelle du Second royaume bulgare. La visite est surprenante car un fond musical très fin est présent et sublime les impressions de la découverte.
La tour de Baudouin
Elle se dresse sur le lieu le plus accessible de Tzarévetz, dans la partie sud-est de la forteresse. Elle protégeait la porte Frenkhisarska et une grande réserve d'eau potable. Son nom est lié à l'empereur Baudouin de Flandres qui fut fait prisonnier par le roi Kaloyan à l'issue de la bataille avec les croisées survenue en 1205 près d'Andrinople (actuellement Edirne, en Turquie). Baudouin fut enfermé comme prisonnier dans cette tour et c'est ici qu'il mourut. Selon une légende populaire romanesque, il se serait échappé en secret grâce à l'histoire d'amour qu'il lia avec une noble de la cour bulgare.
Le rocher des condamnés
Il s'agit d'un rocher surplombant la rivière Yantra, situé à 700 mètres de l'entrée principale, au point où se rencontrent les murailles orientale et nord-ouest de la forteresse de Tzarévetz. Durant le XI s. et jusqu'au XV siècle de ce rocher furent jetés dans le vide ceux qui étaient condamnés pour trahison envers l'état bulgare.
Le spectacle Sons et Lumières
Il 'est l'attraction majeure de Tzarévetz. Il se produit à la nuit tombée, à ciel découvert. La ville royale de Tzarévetz s'illumine alors de mille couleurs et sur un fond musical est relaté l'histoire, l'ascension et la chute des rois bulgares, la période sombre de la domination ottomane et le retour de l'esprit bulgare amenant le renouveau, ensuite la libération et la renaissance de l'état bulgare, tel un phénix. Le spectacle étant payant, il peut être écouté uniquement depuis une salle d'observation spécialement conçue à cet effet. Autrement l'on ne verra que le jeu de lumières, en tant que simple promeneur du soir.