L'église Svéti Nikola se trouve dans la petite ville d'Eléna, au sud de Véliko Tarnovo. L'on peut y voir sans doute l'une des plus belles fresques en Bulgarie. Elle est classée en tant que monument du patrimoine national.
L'église Svéti Nikola (Saint Nicolas) se situe dans la ville d'Elena, à proximité du centre-ville, à côté du musée Daskalolivnitza (centre de formation d'instituteurs du XIX s). L'église est la plus ancienne de la ville.
Son aspect extérieur rappelle une fortification. Ses murs sont épais de 1 mètre, ses petites fenêtres sont protégées par des barres de fer et celles du côté de l'autel rappellent les orifices d'une meurtrière. Sa porte d'entrée est faite de solides planches de chêne, renforcées par des clous de fer. La serrure de la porte est lourde et fut faite sur commande.
Histoire
Un prénommé Doïno Gramatik qui vécut au XVIII siècle légua un vieux psautier imprimé à Venise. Dedans il est fait mention que le livre fut offert à l'église Svéti Nikola en l'an 1518 par un prénommé Péra. C'est la plus ancienne note écrite la mentionnant.
Le récit populaire désigne cette église comme une bibliothèque située entre les centres épistolaires de Véliko Tarnovo et Eléna du temps du Second royaume bulgare. Elle sauvegardait de nombreux manuscrits sur parchemin. Un prêtre était même spécialement assigné au poste de bibliothécaire.
Durant le Moyen Âge, l'église Svéti Nikola était le seul temple pour les habitants des hameaux autour d'Eléna. Outre sa vocation religieuse elle remplissait un rôle social, à une époque ou religion et société était étroitement associées. Après les messes de dimanche les paysans organisaient un marché autour de l'église où chacun vendait sa production et achetait aux autres ce qui était nécessaire pour la vie quotidienne de la famille. Plus tard cette pratique s'est transformée en des rassemblements populaires réguliers (des foires populaires) qui s'organisaient trois fois dans l'année et duraient jusqu'à trois jours.
Lors de l'un de ces rassemblements, où beaucoup du monde fut présent, le 23 avril 1800 - jour de Saint Georges, l'église Svéti Nikola fut attaquée et incendiée par les Kardjalii (bandes organisées comptant jusqu'à plusieurs centaines de cavaliers, qui pillaient villes et villages). Lors de cette attaque brûla la majeure partie de son fond bibliothécaire.
Demeurée sans église, la population d'Eléna s'attela à la reconstruire d'une manière clandestine. En effet, en ces temps dans l'Empire ottoman il existait des restrictions concernant les temples chrétiens. Il fallait demander, d'une part une autorisation, d'autre part construire le temple de la façon la plus discrète possible afin que la population musulmane ne se sente pas "provoquée". Souvent elle l'était facilement et c'est la raison principale pour que les églises bulgares de la période ottomane ont les murs bien enfouies afin de compenser l'espace.
Ainsi les habitants d'Eléna reconstruisirent l'église Svéti Nikola en 40 jours, sans permission et en creusant en profondeur. Elle revêtit son aspect actuel en 1804 grâce aux efforts communs de la population et des donations d'argent des plus fortunés.
Le conducteur des travaux - hadji Ivan Kissiov, apprit que le gouverneur ottoman de la région de Véliko Tarnovo était sur le point d'ordonner une enquête au sujet des bruits qui courraient que les habitants d'Eléna étaient en train de construire une église. Il ordonna alors aux ouvriers de camoufler le chantier. En une nuit ils enduisirent l'édifice d'un mélange de chaux et de charbon de bois, ensuite ils l'enfumèrent, de manière à le rendre vétuste. Lorsque les émissaires du gouverneur se sont présentés, hadji Ivan donna à chacun 30 pièces d'or, puis désigna de sa main l'église et dit "Portez bien le bonjour au gouverneur et dîtes-lui qu'à Eléna les gens ne construisent pas une église mais réparent un ancien marché agricole couvert.
Le 25 mars 1805 l'église Svéti Nikola fut à nouveau inaugurée. Une écriture taillée dans une pierre rappelle que l'église fut érigée sur des nouvelles fondations après qu'elle eût été incendiée par "les brigands turcs". Aujourd'hui les livres et manuscrits sauvegardés après cet incendie se comptent au nombre de 340.
Les fresques de Svéti Nikola sont peintes entièrement par les maîtres d'Eléna David et Yakov, artistes illustres en leur temps. Ils finirent le chantier durant la période 1817-1818. Les fresques sont d'une qualité remarquable et sont déclarées comme patrimoine national. L' une qui est qualifiée parmi les plus précieuses est celle représentant saint Clément d'Ohride. Autres pièces de grande valeur sont l'autel en bois sculpté et le trône épiscopal.
Outre ses fresques, l'église bénéficie d'une excellente acoustique obtenue grâce aux pots d'argile encastrés dans ses murs.
En 1966 l'église Svéti Nikola bénéficia d'une première série de travaux de restauration. Lors de la restauration des fresques un relief sur pierre fut découvert au dessus de la porte du nord, représentant le patron de l'église, saint Nicolas. Le bâtiment est ceinturé de barres d'acier pour empêcher sa dislocation à la suite de fissures apparues avec le temps. En 1987 les derniers travaux s'achevèrent et l'église fut ouverte pour visites.