A la fondation de l'Etat bulgare en 681, la capitale fut établie à Pliska, à l'endroit d'un ancien village (ou petite ville) slave. Pliska demeura capitale entre l'an 681 (khan Asparouh) et l'an 893 (knyaz, puis roi Boris Ier) lorsqu'elle fut abandonnée au profit de Véliki Preslav, toujours dans la région de Choumen. La transition du siège de l'Etat bulgare s'imposait en raison de la christianisation du pays, la capitale des khans devait céder la place à une nouvelle capitale, royale.

Karel Skorpil
Dans son époque Pliska fut la plus grande et la plus représentative des villes du Premier royaume. Rappelons qu'à cet époque la Bulgarie se situait essentiellement au nord du Balkan. Son emplacement était longtemps inconnu et ne fut découvert qu'entre 1899 et 1900 par le grand archéologue et muséologue tchèque Karel Škorpil et des archéologues de l'Institut russe d'archéologie basé à Constantinople (Istanbul). Même si elle fut imposante à son époque et que son emplacement était dans une plaine, les destructions pendant les siècles et le prélèvement de matériaux de construction (pratique qui ne fut que très répandue sur des sites archéologiques même jusqu'au milieu du XX siècle) avait effacé toute trace visible de cette grande cité.
Pliska était ceinturée par trois niveaux défensifs. Le premier fut un fossé profond ponctué par un val, il ceinturait la ville extérieure. Le second consistait en une muraille en blocs massifs de pierre, ayant une hauteur d'environ 12 mètres. Chaque façade avait deux tours pentagonales et une porte. La porte principale se situait sur la façade orientale. Le troisième niveau était une fortification en briques qui protégeait la citadelle. L'ensemble de la cité était très grand, surtout rapporté à l'échelle du Moyen Age - 23.3 km². Le palais du khan Kroum, bâti sur une surface de 586m², en est l'un des composants les plus remarquables. Il était doté d'un grand réservoir d'eau, de vastes bains, d'accès secrets afin que ses occupants puissent fuir inaperçus en cas d'attaque ou de siège.
Cette triple défense s'imposait en raison du terrain dégagé de la plaine que les Proto-Bulgares, peuple venant de la région de la Volga, choisirent naturellement.

Pliska connut deux principales phases dans sa construction - la première sous Asparouh jusqu'à Kroum (803-814), puis la seconde à partir des règnes des khans Kroum / Omourtag (814-831).
Les premières constructions datent d'entre la fin du VII siècle et le début du XVIII siècle. Elles furent d'abord des constructions en bois, à l'instar des camps fortifiés des Proto-Bulgares. Certaines étaient des habitations et d'autres remplissaient des fonctions représentatives. Leur remplacement par des constructions solides, en pierre, survint entre la fin du XVIII et le début du IX siècle. Les archéologues considèrent que la première d'entre-elles fut le grand palais du khan Kroum.
Dans cette période (811) advint un assaut des Byzantins sur Pliska, menés par Nicéphore, et qui l'incendièrent. Suite à cet épisode, il fut entrepris encore sous Kroum puis sous Omourtag un vaste réaménagement au cours duquel la ville fut reconstruite et élargie considérablement : finition des murailles défensives, édifices, temples religieux, la salle du Trône. Dans la cité extérieure les fouilles archéologiques ont mis à jour des fondations d'habitations, d'ateliers, d'églises et de dépôts.
A l'introduction du christianisme en 864 le roi Boris Ier (852-889) transforma le visage de Pliska - les temples païens sont transformés en églises dont la plus grande fut la Grande Basilique. En 889 Boris céda le trône à son fils Vladimir qui tenta d'abolir le christianisme et de revenir sur les cultes anciens. En conséquence de cela Boris quitta temporairement le monastère dans lequel il s'était retiré, destitua son fils, l'aveugla et le jeta en geôle. Il nomma pour successeur son second fils Simeon Ier (893 -927) et à la même occasion transféra la capitale de Pliska à Preslav.
Après l'invasion ottomane, l'ancienne ville royale, désormais village, fut nommée Aboba, appellation qu'elle garda jusqu'en 1925 lorsqu'elle fut nommé Pliskov. En 1947 elle reçut à nouveau le nom de Pliska.