Pliska fut la capitale du Premier royaume bulgare. Son site archéologique se trouve près de la petite ville éponyme (à l'allure de village), en Bulgarie du nord-est, dans la région de Choumen, près des villes Novi Pazar et Kaspitchan. Pliska est sous statut de réserve archéologique nationale depuis 1970.
Pliska - capitale du Premier royaume bulgare
A la fondation de l'Etat bulgare en 681, la capitale fut établie à Pliska, à l'endroit d'un ancien village (ou petite ville) slave. Pliska demeura capitale entre l'an 681 (khan Asparouh) et l'an 893 (knyaz, puis roi Boris Ier) lorsqu'elle fut abandonnée au profit de Véliki Preslav, toujours dans la région de Choumen. La transition du siège de l'Etat bulgare s'imposait en raison de la christianisation du pays, la capitale des khans devait céder la place à une nouvelle capitale, royale.
Karel Skorpil
Dans son époque Pliska fut la plus grande et la plus représentative des villes du Premier royaume. Rappelons qu'à cet époque la Bulgarie se situait essentiellement au nord du Balkan. Son emplacement était longtemps inconnu et ne fut découvert qu'entre 1899 et 1900 par le grand archéologue et muséologue tchèque Karel Škorpil et des archéologues de l'Institut russe d'archéologie basé à Constantinople (Istanbul). Même si elle fut imposante à son époque et que son emplacement était dans une plaine, les destructions pendant les siècles et le prélèvement de matériaux de construction (pratique qui ne fut que très répandue sur des sites archéologiques même jusqu'au milieu du XX siècle) avait effacé toute trace visible de cette grande cité.
Pliska était ceinturée par trois niveaux défensifs. Le premier fut un fossé profond ponctué par un val, il ceinturait la ville extérieure. Le second consistait en une muraille en blocs massifs de pierre, ayant une hauteur d'environ 12 mètres. Chaque façade avait deux tours pentagonales et une porte. La porte principale se situait sur la façade orientale. Le troisième niveau était une fortification en briques qui protégeait la citadelle. L'ensemble de la cité était très grand, surtout rapporté à l'échelle du Moyen Age - 23.3 km². Le palais du khan Kroum, bâti sur une surface de 586m², en est l'un des composants les plus remarquables. Il était doté d'un grand réservoir d'eau, de vastes bains, d'accès secrets afin que ses occupants puissent fuir inaperçus en cas d'attaque ou de siège.
Cette triple défense s'imposait en raison du terrain dégagé de la plaine que les Proto-Bulgares, peuple venant de la région de la Volga, choisirent naturellement.
Pliska connut deux principales phases dans sa construction - la première sous Asparouh jusqu'à Kroum (803-814), puis la seconde à partir des règnes des khans Kroum / Omourtag (814-831).
Les premières constructions datent d'entre la fin du VII siècle et le début du XVIII siècle. Elles furent d'abord des constructions en bois, à l'instar des camps fortifiés des Proto-Bulgares. Certaines étaient des habitations et d'autres remplissaient des fonctions représentatives. Leur remplacement par des constructions solides, en pierre, survint entre la fin du XVIII et le début du IX siècle. Les archéologues considèrent que la première d'entre-elles fut le grand palais du khan Kroum.
Dans cette période (811) advint un assaut des Byzantins sur Pliska, menés par Nicéphore, et qui l'incendièrent. Suite à cet épisode, il fut entrepris encore sous Kroum puis sous Omourtag un vaste réaménagement au cours duquel la ville fut reconstruite et élargie considérablement : finition des murailles défensives, édifices, temples religieux, la salle du Trône. Dans la cité extérieure les fouilles archéologiques ont mis à jour des fondations d'habitations, d'ateliers, d'églises et de dépôts.
A l'introduction du christianisme en 864 le roi Boris Ier (852-889) transforma le visage de Pliska - les temples païens sont transformés en églises dont la plus grande fut la Grande Basilique. En 889 Boris céda le trône à son fils Vladimir qui tenta d'abolir le christianisme et de revenir sur les cultes anciens. En conséquence de cela Boris quitta temporairement le monastère dans lequel il s'était retiré, destitua son fils, l'aveugla et le jeta en geôle. Il nomma pour successeur son second fils Simeon Ier (893 -927) et à la même occasion transféra la capitale de Pliska à Preslav.
Après l'invasion ottomane, l'ancienne ville royale, désormais village, fut nommée Aboba, appellation qu'elle garda jusqu'en 1925 lorsqu'elle fut nommé Pliskov. En 1947 elle reçut à nouveau le nom de Pliska.
La Grande Basilique
A une distance de 1.3 km de la porte orientale de la Cité intérieure se trouve la Grande basilique, le plus grand temple chrétien en Europe de sud-est de la période du IX siècle.
La Grande Basilique de Pliska est un complexe architectural religieux et royal comprenant une basilique, un palais d'archevêché et un monastère. Le site est excentré par rapport à la capitale médiévale de Pliska et fut achevé vers l'an 875. C'est un monument du patrimoine de la plus haute importance en ce qui concerne la culture médiévale bulgare et notamment dans sa période chrétienne entre la seconde moitié du IX siècle jusqu'au milieu du XI siècle.
Durant 250 ans ce complexe remplissait les fonctions à la fois d'un temple cathédral, d'une église royale, épiscopale et monastique, d'un véritable centre de la vie spirituelle et religieuse de la capitale Pliska et de la Bulgarie du Moyen Age. Il était protégé par une muraille défensive de plus de 4 mètres de hauteur, avec corps de garde.
Des études de la Grande Basilique il apparaît que la résidence épiscopale se situait dans les espaces situés au nord et au sud du temple. Dans la section nord fut découvert un palais résidentiel flanqué du côté ouest par des bains avec un hypocauste. Dans le section sud fut mis à jour un grand édifice compartimenté à trois bâtiments qui abritait un didaskaleion (école de type école d'Alexandrie où l'on enseignait le catéchèse, la théologie mais aussi le droit et l'architecture) et un scriptorium. Il est fort probable que c'est précisément ici que furent reçus et travaillèrent ensuite les élèves de Cyril et Méthode, invités par le roi Boris Ier en 886 et qui posèrent les fondements de l'Ecole slavo-bulgare de Pliska-Preslav.
Une nécropole avec des tombes de la confrérie monastique a été découverte dans l'espace situé au sud-ouest de la basilique. Une autre, contenant des tombes d'aristocrates, a été trouvée devant les apsides de la basilique.
La partie monastique occupe l'espace situé au nord de la résidence épiscopale. Dans son centre se trouvent la cuisine et le réfectoire. Dans sa partie orientale a été localisé un édifice sur un étage composée de 10 cellules monastiques, toutes les mêmes. Au milieu de la cour se trouve le grand puits monastique et à côté de lui les seconds bains, également équipés d'un hypocauste, et une construction cruciforme avec coupole.
La Grande Basilique est construite sur un ancien mausolée cruciforme qui fait toujours débat parmi les historiens archéologues. Mis à jour par T.Totev, il représente la plus énigmatique des découvertes à Pliska. L'autel de la Basilique se situe à son endroit.
Selon une première hypothèse émise par le professeur St.Vaklinov, moins soutenue, il s'agirait d'un temple païen bulgare de type encore inconnu.
Selon une seconde hypothèse, défendue par les historiens du Musée d'histoire de Choumen il s'agit d'un temple chrétien ancien de type martyrium, composé d'une église basilique cruciforme et un puits. Pavel Gueorguiev, qui participa à l'étude du site, avance l'idée qu'il s'agit du martyrium du premier martyr chrétien bulgare - Saint Boyan Enravota, mis à mort par son frère le khan Malamir vers l'an 832 pour avoir abandonné les anciens dieux et s'être tourné vers une nouvelle religion. En 865, lorsque des rebellions éclatèrent contre l'introduction de la christianisme, le martyrium fut détruit. En célébration de l'avènement de la foi chrétienne en Bulgaire le roi Boris Ier (neveux de Boyan Enravota) devint mécène du nouveau temple qui fut construit à l'emplacement du martyrium.
Selon une troisième hypothèse, de l'architecte /historien Konstanin Boyadjiev, le mausolée était destiné à servir comme panthéon des khans bulgares. Après la christianisation il eut été tenté de le transformer en temple de type cathédral mais sa construction ne supporta pas une reconstruction par-dessus et il fut nécessaire de le démolir d'abord. En appui de cette supposition il est avancé que malgré les monuments qu'ont été trouvés de la période des khans, aucune sépulture royale ne fut à ce jour découverte. Le mausolée aurait donc servi à ce but.