Parmi les dizaines d'églises médiévales à Nessebar celle du Saint Sauveur (Saint Spas) est la seule qui fut construite durant la période ottomane, en l'an 1609. Contrairement à son très modeste extérieur, les fresques que l'on retrouve à l'intérieur sont très belles. Les murs en sont presque entièrement recouverts, excepté les parties détruites par le temps.
Parmi les dizaines d'églises médiévales à Nessebar celle du Saint Sauveur (Saint Spas / Свети Спас) est la seule qui fut construite durant la période ottomane (qui se situe pour Nessebar entre 1453 et 1878). Le nom originale de cette église est l'Ascension mais elle est communément connue sous celui de Svéti Spas.
Le contexte de l'époque ottomane explique l'aspect extérieur de cette église, construite en 1609. Elle est petite (11.70 m sur 5.70 m), basse, sans clocher ni coupole, avec une seule apside. Le bâtiment était fait de pierres et de boue, couronné par une toiture en bois. Des orifices dans les murs servaient de fenêtres et la façade orientale était à moitié enfoncée dans la terre. Des vestiges d'un narthex existent sur la façade nord. Il prolongeait l'espace depuis cette façade, amenant la largeur de l'église à 9.8 m au lieu des 6 m actuels.
L'église fut construite avec les moyens d'un riche habitant de Nessebar. Une inscription commémorative, placée au-dessus de l'entrée côté sud dit :
Pendant le temps du très saint métropolite du très saint diocèse de Messembria, monsieur Cyprien, et pendant le temps du très pieu parmi les prêtres, monsieur Agapi, prêtre et sacristain, fut peint ce temple divin consacré à notre très sainte maîtresse, Mère de Dieu et Vierge Marie, appelé au nom de l'Ascension, au frais du... noble maître monsieur Teodokiy Kapaduka pour le bienfait et la sauvegarde de son âme et pour le réconfort des pieux et généreux chrétiens hommes et femmes... 1609.
L'église abrita pendant de nombreuses années la stèle de la princesse byzantine Mataïssa Cantacuzène Paléologue, décédée en 1441 à Nessebar. Sa sépulture se trouvait dans l'église Sainte Sofia (l'Ancien archevêché). Craignant que les Ottomans pouvaient la prendre pour l'utiliser comme matériau de construction, l'archevêque avait déplacé la stèle ici. Plus tard elle fut transportée dans le musée archéologique de Nessebar.
Les fresques
Contrairement à son très modeste extérieur les fresques que l'on retrouve à l'intérieur sont très belles. Les murs sont presque entièrement recouverts de fresques. Une partie est détériorée en conséquence des dégâts atmosphériques lorsque la toiture était restée abîmée pendant de longues périodes. Les fresques de l'église Saint Spas sont parmi les meilleurs échantillons de l'art iconographique de la période entre le XVI et le XVII siècle.
Dans l'apside est dessinée la Vierge avec l'enfant. Dans la niche qui symbolise la grotte où est né Jésus Christ est dessiné un jeune saint qui tient un évangile dans sa main et qui porte les habits d'un dignitaire de l'église. Son nom n'est pas lisible, il s'agit peut-être d'une représentation du Christ. Entre l'apside et cette niche sont placées les figures de deux saints qui ne sont pas en bon état de conservation. Au-dessus de la niche sont représentés trois saints. A droite de l'apside les fresques sont presque intégralement détruites, l'on devine les visages de trois saints.
Sur le mur sud, dans l'espace de l'autel, les fresques sont aussi presque entièrement détruites. Sur le reste de ce mur les fresques se divisent en deux registres. Dans le supérieur on voit des scènes des évangiles : la Nativité du Christ (composition complexe, avec les anges, les bergers et le lavement de l'enfant), le Baptême, la Transfiguration, la Résurrection de Lazare, l'Entrée à Jérusalem, le Lavement des pieds. Dans le registre inférieur sont placées des compositions de saints, figure entière : Spyridon, Jean-Baptiste, Constantin et Hélène, Christ Emmanuel; vient ensuite l'inscription commémorative au-dessus de la porte, puis des représentations des saintes Anastasie, Catherine, Matrone et Marina.
Le mur occidental fut reconstruit plus tard et les fresques, s'il y en avait, étaient détruites.
Les fresques sur le mur nord sont également reparties en deux registres. Dans le supérieur sont dessinées les scènes : la Résurrection (Descente aux enfers), Thomas l'incrédule, la Pentecôte, la Dormition, l'Assomption, la Nativité; suivent les figures des saints Joachim et Anton. Dans la partie correspondant à l'autel dans ce registre sont dessinés trois médaillons. Dans le registre inférieur sont représentées les figures des saints Jacob, Mina, Eustache, Nestor, Arthemy, Procope, Théodore Tiron; au-dessus de la porte sont dessinés des saints en trois médaillons, puis suivent les saints Théodore Stratilate, Dimitri, Georges, l'archange Michel. Dans l'angle de l'ancien mur qui était reconstruit est dessiné Marie d'Egypte et le prêtre.
Dans la partie de l'autel sont visibles trois médaillons en-dessous desquels est présentée la scène de Saint Pierre d'Alexandrie avec le Christ. Dans la niche du bénitier est présenté Saint Alexis.
Les superstitions des marins
Un regard plus attentif sur les fresques vous fera découvrir divers navires, voiliers et autres embarcations gravés sur le mur à l'aide d'un clou ou un couteau. Ces gravures se trouvent près de la représentation de Sainte Marina. Elles étaient faites par des marins qui imploraient ainsi les saints patrons de leur accorder grâce et bonne fortune pour leurs périples maritimes. La plupart sont datées de la fin du XVIII - début du XIX siècle.