Abritus est le nom d'une ville antique romaine ayant existéе entre le II et le IV siècle. Elle se trouve à proximité de Razgrad dans la direction de Choumen / Varna. Sous statut de réserve architecturale Abritus est l'un des 100 monuments du patrimoine bulgare.
Sur son site a été trouvé le plus grand et le mieux préservé des trésors d'or de l'époque romaine en Bulgarie : 835 monnaies. Une visite incontournable pour les amateurs de l'empire romain.
Abritus est le nom d'une ville antique romaine ayant existéе entre le II et le IV siècle. Elle se trouve à proximité de Razgrad dans la direction de Choumen / Varna. Sous statut de réserve architecturale Abritus est l'un des 100 monuments du patrimoine bulgare.
Sur son site a été trouvé le plus grand et le mieux préservé des trésors d'or de l'époque romaine en Bulgarie : 835 monnaies. Une visite incontournable pour les amateurs de l'empire romain.
Origines
Un village ou une petite ville existait déjà à l'époque des Thraces (période de l'Antiquité) à l'emplacement d'Abritus. Au Ier siècle, lors de l'invasion romaine, les Romains le transformèrent en camp militaire. Il se transforma à son tour en ville au II siècle. Abritus se développa et atteignit son apogée pendant la période entre le II et le IV siècle.
Selon les stèles découvertes dans son enceinte la ville abritait une population variée : des Romains, des Thraces, des Grecs, des militaires d'autres pays. Comme il en fut d'usage dans l'empire romain divers cultes coexistaient. Le plus populaire était celui dédié à Hercules, sans doute à cause du grand nombre de militaires pour qui il fut souvent le patron. Parmi les cultes romains l'on trouve des vestiges se rapportant à Jupiter, Mars, Apollon, Arès et autres.
Au II siècle à Abritus stationnait la cohorte cohors II Lucensium, force militaire en appui à la légion Legio XI Claudia qui stationnait à Durostorum (actuelle Silistra). Elle avait pour mission la protection du nord-est de l'empire. Au début du 4e siècle fut érigée une fortification massive sur une superficie de 14ha. Elle était dotée de 4 portes et 35 tours défensives. La muraille atteignait jusqu'à 3 m d'épaisseur et jusqu'à 12m de hauteur.
Malgré ses capacités défensives la ville fut dévastée par les Goths (376-378), les Huns (447) et les Ostrogoths (487). Au milieu du VI siècle, pendant le règne de l'empereur Justinien le Grand (527-565), des travaux de restauration furent entreprises mais le calme fut de courte durée. En 586 Abritus fut totalement détruite suite aux attaques des Slaves et des Avares.
Au 7e siècle une forteresse bulgare s'établit sur ses vestiges, à son tour détruite par le knyaz de Kiev, Svétoslav pendant son expédition militaire en ces terres à la fin du X siècle. Un grand temple chrétien aux aspects d'un archevêché était construit dans la partie nord-est pendant la période des royaumes bulgares. Il fut détruit au début du XI siècle. Les installations bulgares furent totalement détruites pendant les années 30 à 40 du XI siècle, lors des invasions des Petchenègues.
Plus tard, de nouvelles habitations bulgares se sont formées à l'ouest d'Abritus et donnèrent ainsi lieu à la ville actuelle de Razgrad. Razgrad, avec son nom, figure sur des cartes de voyageurs arabes datant du XII siècle.
La bataille d'Abritus
Abritus fut le théâtre d'une grande bataille dans l'Antiquité, connue encore sous le nom de la bataille de Forum Terebronii. Elle tint lieu en l'an 251 entre les légions romains et les Goths, menés par leur roi Kniva. Cette bataille resta célèbre dans l'histoire avec le fait que pour la première fois un empereur romain (Dèce (Cneius Messius Decius)) périt sous les coups des Barbares. Son fils Herennius fut également tué. L'issue désastreuse de cet affrontement fut imputée au général romain Trebonian Gal.
Entre l'an 249 et 250 70 000 Goths traversèrent le Danube dans la région de Dobroudja (Bulgarie de nord-est) avec pour but de piller la province romaine de Mésie. L’empereur Dèce et son fils Herennius partirent à la tête d'une expédition militaire en direction de Nikopolis (Nikopol, Danube), assiégée à ce moment par les Goths. Ayant appris l'arrivée imminente des troupes romaines les Goths levèrent t le siège et se dirigèrent vers le sud, en traversant le Balkan par le col de Chipka. Leur objectif était de s'attaquer à la grande ville de Philipopolis (Plovdiv), en province de Thrace. Dèce se lança à leur poursuite mais essuya une première défaite à Augusta Trajana (Stara Zagora) et ne parvint pas à secourir Philipopolis qui fut pris par les assaillants. Afin de diviser les Romains et mieux affronter l'arrivant Dèce le régent de Philipopolis et de la province de la Thrace Lucius Prisc fut proclamé empereur romain par les Goths.
Dèce assièga Philipopolis et contraint les Goths à quitter la ville. Ils entreprirent le chemin de retour mais rencontrèrent à nouveau les troupes romaines dans le nord-est. Pour combattre les Romains Kniva sépara son armée en plusieurs divisions et arriva à repousser les Romains vers des terrains marécageux. En juin 251 les deux armées se livrèrent bataille près d'Abritus. Herennius fut tué dès le départ par une flèche. Dèce survit la première attaque mais tomba avec l'ensemble de ses hommes avant la fin de la journée. Lorsqu'il avait appris la mort de son fils, Dèce garda son sang-froid et dit : "Que personne ne pleure ! La mort d'un soldat n'est pas une grande perte pour la République."
Le général Trebonian Gal succéda à Dèce et signa un traité de paix avec les Goths. Selon les termes il s'engagea à payer un tribut afin qu'ils s'abstiennent à s'attaquer aux territoires romains. Quant à Lucius Prisc, l'empereur romain fait par les Goths, il fut accusé par Rome de haute trahison et, peu après, assassiné.
Présentation du site
Les premières fouilles sur le site furent entreprises en 1887 alors que l'étude méthodique et suivie des lieux ne commença qu'en 1953. La ville antique est sortie de terre dans sa majeure partie en 1954.
Abritus fut construite selon le mode des villes romaines, avec des rues droites, des édifices publics disposés autour d'une place centrale (le forum). Elle était canalisée à l'aide de tuyaux d'argile et protégée par une enceinte fortifiée. Cette dernière fut intégralement découverte qu'en 1976. La fortification était constituée de 4 principales portes d'entrée (au milieu de chaque muraille, excepté la porte du côté nord-est, excentrée pour cause du terrain), 35 tours et 9 poternes (petite porte dans une muraille).
Des fossés défensifs étaient creusés devant les murailles sud et ouest . Les portes centrales avaient un double système d'ouverture-fermeture : par devant une porte tombante, par derrière une porte à battants. Les tours défensives étaient sur 3 étages, avec des toitures en bois.
Aux alentours de l'enceinte fortifiée furent découvertes 4 nécropoles, une pour chaque direction géographique. Les objets trouvés sont des récipients en argile, des fioles, des parures, des bijoux, des stèles avec des inscriptions en grec ou en latin.
Parmi les objets trouvés à Abritus notons deux objets d'exception - le Pegasus en Or et le plus grand trésor de monnaies antiques trouvé en Bulgarie, composé de 835 monnaies d'or, datant du V siècle. Les monnaies sont parfaitement conservées, avec relief et inscriptions bien lisibles. Ces trésors sont exposés dans le musée où l'on peut voir encore des statues, des fragments architecturaux et des stèles.
Le péristyle
Il s'agit du cœur du site archéologique, de la partie partiellement conservée qu'on peux visiter aujourd'hui.
Le péristyle d'Abritus fut construit vers la fin du IVe siècle et occupait une superficie de 3 200 m². Il était la résidence d'un haut magistrat qui remplissait probablement les fonctions de gouverneur civil et militaire. D'un grand portique à la colonnade ionienne, situé sur la façade sud, l'on débouchait sur six magasins disposés des deux côtés de l'entrée principale. De l'entrée sud un petit couloir sortait sur une grande cour à ciel ouvert (atrium). Les quatre murs de cette cour étaient ceinturés par des colonnades romaines et ioniennes (péristyle).
Des côtés oriental et occidental de la cour se trouvaient de nombreuses entrepôts et dépendances. Dans la partie nord de l'édifice, des deux côtés d'une grande salle de réception (triclinium) avec apside, se trouvaient neuf pièces. Les murs de la salle de réception étaient recouverts d'un enduit et peints avec des fresques multicolores, aux motifs géométriques et floraux. Des deux côtés du triclinium se trouvaient les chambres à coucher et les dépendances. Ce complexe fut utilisé jusqu'à la fin du 6e siècle lorsque toute la ville fut dévastée par l'attaque des Avares.
Les trésors de monnaies
Les trésors de monnaies sont l'autre témoignage clé de l'existence d'Abritus et des événements qu'y sont associés.
Une série de trouvailles confirme sans appel la guerre entre Romains et Goths qui se déroula entre l'an250 et 251 (Trajan Dèce). Des deniers, antoniniens et aurei (deniers d'or) sont trouvés dans les villages aux alentours de Razgrad (Ossenets, Lipnik, Rakovski, Krivnya, Poroïchté, Loznitsa) et sur le site d'Abritus.
Cette série de découvertes se complète par deux autres trésors. Le premier fut trouvé en 1952 dans les terres près du village de Dryanovets, à 15km de Razgrad. Il se compose de 18 aurei (or) et 540 deniers et antoniniens (argent). Les plus anciennes se rapportent au règne de Septime Sévère (193-211) et les plus récentes au règne de Dèce. Le second trésor fut sorti de terre trente ans plus tard dans le village d'Ezertché, à 20 km de Razgrad. Il se compose de 248 deniers et antoniniens. Les plus anciennes datent de l'époque de Vespasien (69-79) mais les plus récentes datent encore du règne de Trajan Dèce.
Les saccages successifs causés par les attaques des tribus barbares entre le IV et le VI siècle expliquent quelque part pourquoi à Abritus fut trouvé un aussi grand trésor d'or de la période du Bas-Empire (la période finale de l'empire romain). Il s'agit du plus grand trésor d'or romain trouvé en Bulgarie mais aussi le troisième plus grand à l'échelle internationale (après les trésors de Chemtou, Tunisie (1 648 solidi) et Scikàncsi, Hongrie (1 439 solidi).
La découverte fut réalisée en 1971 lors de fouilles près de la muraille défensive orientale. Près de quatre kilos d'or pour 835 monnaies frappées courant le V siècle, la majorité en provenance de l'atelier de monnaie de Constantinople. Le trésor fut enfoui probablement suite aux événements de l'an 487 lorsqu'une rébellion des Goths (établis autour de Nove (actuelle Svichtov)) éclata, menée par Théodoric Le Grand, et qui se transforma en une marche vers Constantinople.
Toutes les monnaies sont du type solidus (introduit par l'empereur Constantin Ier Le Grand dans la période entre l'an 309-312, avec un poids de 4.55 grammes). Le solidus fut en circulation pendant toute l'histoire des empires romains d'Orient et d'Occident. Fait intéressant - beaucoup de pièces comportent diverses traces, preuve de leur circulation active dans le cycle d'échange et certaines sont incisées avec une lame (pour vérifier la teneur en or).
Musées
Salle d'exposition
La principale exposition archéologique retrace cinq grands thèmes, présentés en ordre chronologique et représentatifs pour la région dite Loudogorié (région géographique constitué d'un vaste plateau dans la plaine du Danube du nord-est dont Razgrad est la ville principale). Les périodes présentées vont de la Préhistoire (paléolithique supérieur) à la fin du Second royaume bulgare).
Espace interactif
Avec l'apport frais d'argent européen dans le cadre de programmes qui financent la réhabilitation du patrimoine Abritus (à travers de la municipalité de Razgrad) s'est doté en 2015 d'un vaste musée interactif, nouvellement construit. Plus intéressant pour les enfants, ses différentes sections proposent à travers le jeu la découverte d'Abritus et donnent des informations clé sur la vie quotidienne dans l'empire romain.
Le visiteur peut frapper sa propre monnaie (en argile), s'habiller à la mode romaine, reconnaître des objets anciens, regarder des vidéos historiques, s'amuser à convertir différentes mesures et compter l'argent pour ses achats comme le faisaient les Romains.
Lapidarium
Dans le parc du musée sont exposés en plein air plus de 70 monuments épigraphiques, singularisés en trois groupes : mémoriaux, stèles et architecturaux. La plupart datent de l'époque romaine.
La lapidarium es divisé en deux parties : des mémoriaux consacrés aux cultes et des stèles. Dans la première partie il est à noter un autel sacrificiel avec dédicace à l'invincible Hercules, datant de l'époque de l'empereur Septime Sévère (193-211) et deux autres autels sacrificiels dédicacés à Jupiter Optimus Maximus Dolichenus (II - III siècle.). Les nombreuses épitaphes en grec ancien et en latin témoignent de hétéroclitique de la population locale et des particularités des ateliers de sculpture. Quelques stèles impressionnent avec une très riche décoration, tout comme des éléments architecturaux qui ornaient jadis les édifices publics.
Les spécialistes qualifient comme très intéressants les artefacts et les stèles datant de la période du Haut Moyen-age, d'origine chrétienne, musulmane et arménienne.
Visites
Si vous venez de Choumen / Varna - le site se trouve à votre gauche, aussitôt après avoir dépassé le panneau d'entrée de Razgrad. Dans l'autre sens (si vous venez de la direction de Roussé), il faut traverser la ville, repérer une grande usine à votre droite). Le site est indiqué et visible par le bâtiment peint en blanc de son musée.
Horaires :
du 1er avril au 30 octobre : 09h00 à 17h00, tous les jours
du 01 novembre au 31 mars : 09h00 à 17h00, sauf weekend (sur demande)
Entrées :
Adultes : 2.50 leva (1.30 €), enfants : 1 lev (0.5 €)
Visite guidée : 5 leva (2.5 €)