Demir Baba Téké
Demir Baba Téké est un lieu sacré du courant religieux musulman appelé alévisme. Il se trouve dans le nord-est de la Bulgarie, près du village de Svechtari et la grande nécropole thrace, à proximité de la ville d'Isperih, (région de Razgrad). Ancien lieu sacré thrace, chrétien, puis musulman, Demir Baba Téké est un vrai carrefour des cultures et des civilisations.
Le lieu porte le nom d'un héros local du XVI siècle - Hassan Demir Baba, devenu légendaire de son vivant grâce à son rôle spirituel et sa force physique exceptionnelle. Le lieu attire de nombreux pèlerins de toute confession ou par superstition.
Demir Baba Téké (Демир Баба Теке) (sе lit Démir Baba Téké) est un lieu sacré du courant religieux musulman appelé alévisme. Il se trouve dans le nord-est de la Bulgarie, près du village de Svechtari (Свещари) et la grande nécropole thrace, à proximité de la ville d'Isperih (Исперих) (région de Razgrad).
Demir Baba Téké fait partie du complexe historique et archéologique de Sboryanovo (Сборяново) qui comprend aussi la grande nécropole thrace de Svechtari, quelques autres sites thraces et le musée historique d'Isperih.
Le lieu porte le nom d'un héros local du VI siècle - Hassan Demir Baba, devenu légendaire de son vivant grâce à son rôle spirituel et sa force physique exceptionnelle (Demir Baba veut dire "l'homme de fer").
Le site se compose d'un temple, où se trouve la sépulture de Demir Baba, une source sacrée, des blocs rocheux utilisés pour des rituels sacrés datant de l'époque des Thraces et une maison en style ancien qui sert d'abri pour le gardien des lieux. L'endroit-même est pittoresque. On y accède à travers une forêt, en empruntant un sentier qui descend vers l'enceinte du site. De hauts murs rocheux se dressent à la verticale en arrière-plan, ce qui confère un aspect grandiose à l'environnement.
Demir Baba Téké est essentiellement lié au mouvement spirituel de l'alévisme et à la figure mythique de Demir Baba. On se trouve cependant ici au cœur du plus grand territoire thrace, un centre religieux et politique du Ier millénaire avant notre ère, mentionné par le Grec Ptolémée comme Dausdava (la Cité des loups).
Demir Baba Téké est souvent évoqué comme un carrefour des cultures et des civilisations, revêtant un rôle sacré sous diverses époques et croyances. Il est établi qu'au IV siècle avant notre ère se trouvait ici un lieu thrace sacré, dédié aux dieux du monde sous-terrain, de l'eau et de la santé. Des vestiges de constructions ont été été repérés das les pans rocheux. Certains éléments sont encore présents (comme un roc qui servait pour les sacrifices d'animaux). D'autres blocs de pierre, ayant servi pour les besoins des sacrifices sont encore sur place aujourd'hui. Avec le temps la croyance populaire leur a conféré un pouvoir magique de guérison si l'on s'y étendait et reposait son corps dessus.
Les frères Skorpil (géographes et archéologues tchèques) avaient émis une théorie selon laquelle en ce lieu se trouverait la tombe du khan Omourtag, l'un des premiers khans bulgares. Les frères Skorpil rapportent dans leurs notes l'existence d'une grande croix de pierre se trouvant à proximité du temple, mais aujourd'hui on n'en trouve aucune trace.
Les chrétiens avaient également leurs rituels en ce lieu (une croix est taillée dans une roche) et selon certaines informations non-confirmées par une trouvaille un monastère aurait existé ici, dédié à Saint Georges. Quoiqu'il en soit, c'est un fait que les chrétiens vénèrent aussi Demir Baba comme un saint.
Jusqu'en 1927 la coupole du temple était ornée d'un croissant de lune et d'une croix chrétienne.
Le temple
Demir Baba Téké (Le temple de l'homme de fer) a été construit sous une grotte ou le personnage historique a passé une grande partie de sa vie. Le temple représente un bâtiment heptagonal, couronné par une coupole mi-sphérique. Il est précédé par une antichambre en forme rectangulaire avec sa propre coupole conique. A l'intérieur du temple se trouve, recouvert d'offrandes (essentiellement des tissus), le sarcophage de Demir Baba. Il n'est pas du tout visible, sous la masse de tissus et sa mise à découvert ne se fait qu'exceptionnellement, à l'occasion de la visite de pèlerins alévis. Le sarcophage se trouve au milieu du temple, orienté en direction du sud-ouest. Il est long de 3.74 m et se compose d'une partie inférieure en briques, creusée dans le sol, et une partie supérieure, en bois.
Durant le Moyen Âge le temple a été incendié à trois reprises sur ordre du sultan et les fresques à l'effigie de Demir Baba furent effacées ou bien recouvertes de chaux . Durant le XVIII siècle et jusqu'au milieu du XIX siècle des documents font état d'une mosquée qui se trouvait à proximité du temple. Elle a été détruite pour des raisons inconnues.
Il existait aussi un imaret (un hospice ottoman où l'on exerce la charité envers les malades et les pauvres) qui fut détruit en 1976 pour cause de son délabrement avancé.
En 1970 le temple obtint le statut d'un monument du patrimoine d'importance locale. Une restauration a été entreprise dans la période 1991-1994 pendant laquelle le plancher a été changé, des fresques restaurées ainsi que des éléments décoratifs.
La légende de Demir Baba
La narration populaire dit qu'il était un homme doté d'une force physique exceptionnelle. Lors d'une sécheresse, il entendit les prières des gens et transperça de sa main un rocher duquel jaillit de l'eau. Il s'agit de la source qui se trouve sur place. Elle porte d'ailleurs le nom de Bech-parmak (Les 5 doigts, en turc, allusion à cette légende et la main de Demir Baba). L'eau de cette source est supposée par la population d'avoir des propriétés miraculeuses.
Pèlerinage
Demir Baba Téké fait objet d'un pèlerinage populaire courant sans qu'il soit l'apanage d'une religion en particulier. Des gens viennent ici de partout pour "puiser une énergie positive", se ressourcer à l'eau miraculeuse, entériner un vœu cher. Lorsqu'on descend vers l'enceinte du complexe, les abords et les grillages sont recouverts de petits bouts de tissu, noués par les visiteurs et symbolisant leurs vœux ou leur peine.
Le jour de la fête de Demir Baba est le 2 août, ce qui donne lieu à une affluence plus forte. Les gens nouent des bouts de tissus sur la grille de la fenêtre du temple, brûlent des cierges et font des sacrifices de moutons, qu'il dépècent et cuisent sur place (aux alentours, pas dans le complexe) sur un feu improvisé (on appelle cela un kourban, festivité rituelle courante tant chez les Bulgares de la campagne que chez les musulmans).
Le kourban se fait exclusivement dans un but de prévention spirituelle, pour implorer la santé ou remercier le destin par rapport à une épreuve vécue. Précisons que les kourban n'ont pas lieu que le 2 août mais plus ou moins régulièrement, en fonction des allers et venues des gens. Sous ces aspects spirituels ou religieux cette coutume relève des rituels de superstition ou d'invocation, très répandus parmi les populations héritières de la culture des Thraces.
Visite
L'accès aux lieux est libre, néanmoins il se peut que le temple soit fermé si le gardien est absent. Une visite est à combiner avec celle de la nécropole thrace de Svechtari. Il n'y a pas de taxe ou de ticket d'entrée.