La maison de Petko Lutov (dit encore Lutova, transcrit par le guide Michelin comme Ljutov) est l'une des plus belles maisons du patrimoine de Koprivchtitza. A l'abri des regards extérieurs, elle se situe dans une belle cour verdie, ceinturée par des hauts murs en pierre.
Elle fut construite en 1854 par des maîtres bâtisseurs de Plovdiv pour le négociant en bétail et collecteur d'impôts Stéphane Topalov, qui la vendit plus tard au commerçant Petko Lutov.
La maison se constitue d'un rez-de-chaussée bas, creusé en partie dans la terre, et d'une étage principale composée d'une partie centrale flanquée de deux ailes. Contrairement aux fresques de la maison Oslekov, la maison Lutov demeure sobre à l'extérieur (si ce n'est le beau bleu de sa façade). En revanche son intérieur témoigne de la richesse de son propriétaire.
Par un escalier symétrique extérieur l'on pénètre dans le grand vestibule de la pièce centrale, ornée par un magnifique plafond en bois, en forme de médaillon. L'anneau de ce médaillon est tapissé des fresques représentant des esquisses de paysages de grands lieux à travers le monde où le propriétaire fit commerce - le Caire, Istanbul, Venise et autres. Ces fresques sont elles-mêmes présentées sous la forme de médaillons, au nombre de 8. Au cœur de ce plafond est représenté un soleil en bois finement sculpté. Un lustre-bougeoir descend de ce soleil.
Dans les pièces d'invités les murs sont aussi peinte en couleurs vives (nuances du rouge, du bleu), frises, ornements et médaillons se relayent. L'on retrouve également la niche murale dite alafranga (un mot dérivé de l'expression "à la française") qui définit bien la mode de l'époque à doter l'intérieur des pièces de réception de cette niche. On y plaçait un service de thé, de café ou bien rien du tout.
Cette belle décoration provient d'une seconde étape d'aménagement de la maison, probablement aux alentours de 1860, sur commande du second propriétaire Petko Lutov.
Les pièces sont arrangées de manière à présenter une exposition sur la vie citadine à Koprivchtitza de la fin du XIX siècle. Notons la présence d'un diffuseur de senteur à l'eau de rose, placé pour parfumer agréablement l'intérieur.
Dans la partie basse, du niveau du rez-de-chaussée, est organisée une exposition de tapisseries d'un genre particulier - les plasti. Le mots tire son origine de couches est se rapporte à la technique de fabrication qui consiste à compresser des couches de laine sans aucune tissage de façon qu'elles forment à la fin une matière solide et épaisse. Technique assez difficile, plus encore lorsqu'on réalise des motifs de décoration. Ces tapisseries étaient le plus utilisées pour matelasser le couchage sur le sol. Sont exposés des tapisseries d'époque tout comme une collection artisanale privée, don de Maria Bodourova.
Dans une pièce est exposé un métier à tisser avec démonstration de tissage de tissu multicolore.
Les bâtiments annexes qui se situent en face de la maison étaient utilisés pour les besoins du travail quotidien et du commerce. Ils sont aujourd'hui utilisés comme locaux administratifs du musée.