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Noël en Bulgarie

La fête de Noël en Bulgarie, comme en France, est un moment important de l'année lorsque la famille se réunit autour d'un dîner le soir du 24 décembre. C'est une fête à la fois ancienne et nouvelle dans le sens où elle vit de grandes transformations dans sa nature au cours du XX siècle.

La Bulgarie étant un pays chrétien orthodoxe, la fête de Noël fut célébrée traditionnellement le 07 janvier jusqu'à 1967. Cette année l'Eglise bulgare abandonna le calendrier Julien au profit du calendrier Grégorien. Ce n'est pas le même cas dans d'autres pays orthodoxes comme la Russie ou la Serbie où Noël continue à être célébrée le 07 janvier, selon l'ancien calendrier. La Bulgarie étant aussi un pays essentiellement rural au début et jusqu'au milieu du XX siècle, la coutume de célébrer Noël en janvier constituait l'usage généralement adopté.

A l'arrivée des communistes au pouvoir en 1944 il s'est cependant passé deux choses : le discrédit des pratiques religieuses (y compris Noël qui s'effaça au profit de la seule fête mondaine du Nouvel An) et la rapide transformation de la population rurale en nouvelle génération urbaine. Deux à trois générations plus tard, en 1989, la liberté politique revint et avec elle la liberté des pratiques des cultes et des fêtes religieuses. Noël se repositionna alors comme une fête très populaire, cette fois calée au 25 décembre, sans doute à l'aide des forces du marketing dont nous connaissons si bien les effets (n'oublions pas que c'est Coca Cola qui inventa l'image du père Noël que nous voyons partout).

Il y a en Bulgarie deux étapes distinctes de la célébration de Noël - le Réveillon de Noël (dit Badni Vetcher, le soir du 24 décembre) et Noël (dit Koleda ou encore Rojdestvo Hristovo (la Naissance du Christ) le 25 décembre).

Badni vetcher

Le Réveillon de Noël (Badni vetcher) est lié à de nombreuses coutumes autour du dîner, la préparation des plats et la façon de dresser la table. Les préparatifs commencent dès le matin. Les petits pains qui seront distribués aux "kolédari" (voir plus bas) et le pain rituel du soir sont les premiers dans la liste. Ce dernier requiert une attention particulière. De forme ronde, il est décoré par le dessus avec des figures aplaties (en pâte) représentant des symboles de la prospérité et de l'abondance - des petits oiseaux, une grappe de vigne, un agneau, la maison et tout symbole qui revêt une signification positive pour le famille. Avant qu'il soit mis au four le pain est badigeonné avec du jaune d'œuf, ce qui lui donnera un aspect brillant. Une pièce est mise dans la pâte et celui qui la trouvera lors du partage du pain pourra s'estimer bien-heureux pour l'année à venir. Ce pain rituel s'appelle badnik (бъдник). Les petits pains destinés aux koledari s'appellent "kravaï". En forme elliptique ou ronde ils seront agrémentes après la cuisson avec divers accessoires comme des feuilles d'houblon, du buis, des noix et du popcorn.

Ensuite les femmes s'attellent à la préparation des plats. Ils seront tous végétariens, comme le veut la tradition. Leur nombre est également défini en fonction de la signification qu'on souhaite donner - sept (comme les jours de la semaine), neuf (comme le nombre de mois nécessaires pour qu'un enfant puisse naître) ou douze (comme le nombre des mois dans l'année). Les plats habituellement préparés sont des sarmi (du riz avec condiments, enroulé en feuilles de vigne ou de choux), des poivrons secs farcis, du blé bouilli, des haricots, des pruneaux secs, tikvenik (sorte de galette à la courge et aux noix) et des plats coutumiers en fonction de la région. Le plus de plats il y a sur la table, le mieux c'est. L'on disperse également entre les plats des noix afin qu'il n'y ait pas de vide et l'abondance soit bien représentée. La place centrale sur cette table est réservé au pain rituel. Dans l'ancien temps on mettait de la paille sous la table, qui ensuite fut posé dans le nids des poules afin qu'elles pondent plus, ou au pied des arbres fruitiers.

A Badni vetcher il ne faut pas oublier le feu de bois ! Cheminée ou poêle de chauffage, toute maisonnée s'assure de disposer d'une bûche assez épaisse (poirier, chêne ou hêtre) qui sera mise dans le feu et qui devrait durer toute une nuit. Cette bûche est aussi appelée badnik. L'homme de la maison - le doyen ou le chef de famille à qui est conféré le rôle cérémonial place la bûche dans le feu et prononce les vœux - "Qu'il y ait autant de poussins, d'agneaux, de veaux et de petits enfants dans cette maison comme le sont ces étincelles !".

Alors que la table est fin prête le doyen de la maison allume de l'encens sur une tuile est purifie rituellement la table festive, puis toutes les pièces de la maison. Ensuite tout le monde peut finalement s'attabler. Attention, une fois assis il ne faut plus se lever jusqu'à ce que le dîner du Réveillon ne soit terminé (généralement à minuit). S'il faut se lever c'est le doyen qu'y va, en faisant attention de marcher courbé (pour que les épis du blé soient lourds de graines l'été prochain). Avant de commencer le dîner le doyen soulève bien haut le pain rituel de ses deux mains et prononces ses vœux : "Pour que le blé pousse partout, que les épis soient gros comme des cuillères et les graines grosses comme de cornouillers. Que pousse la vigne, l'avoine et le maïs ! Que se multiplient les agneaux, les chevreaux et les veaux ! Père Dieu, soit notre hôte, dîne avec nous !" Ensuite le pain rituel est partagé, le premier morceau est laissé près de l'icône familiale, les autres sont distribués en fonction de l'hiérarchie familiale. Chacun se doit de goûter à tous les plats afin que son année à venir soit pleine. En fin de dîner chacun choisit une noix et la casse. Si elle est bonne - il ne sera pas malade durant la nouvelle année. La table n'est desservie que le lendemain. Il est également souvent de coutume à laisser un peu de chaque plat à côté pour honorer ses morts.

Au Réveillon de Noël la porte de la maison n'est pas fermée à clé. Ainsi la maison reste ouverte pour le Christ.

Dans la nuit de Badni Vetcher arrivent les Kolédari !

bulgarie fête noel

Les Koledari est le nom attribué aux hommes qui forment un groupe spécial à l'occasion de Noël, un groupe qui fait le tour des maisons pour présenter ses vœux de prospérité et de bonne santé aux habitants de la maison. A grand coups de poing sur la porte le meneur des Koledari annonce leur venue et invite l'hôte de la maison à ouvrir tandis que les autres membres du groupe se tiennent à coté et entonnent des chansons de Noël. Rituel rural, à l'époque les hommes koledari étaient habillés en habits feutrés, recouverts d'une épaisse cape de berger, coiffés par le traditionnel couvre-chef en peau retournée de mouton, décoré à l'occasion d'une fleur. Chacun tient un grand bâton de berger décoré sur lequel sont (ou seront) enfilés les petits pains décorés.

Lorsque le maître de la maison ouvre les portes ils entrent tous ensemble et entament les formulations de leurs vœux pour que la nouvelle année soit meilleure, plus riche et garante d'une bonne santé. En général c'est le meneur du groupe qu'invoque le début et les autres koledari terminent en chœur chaque invocation. Pour les remercier, l'hôte de la maison sort du vin et de l'eau de vie, distribue des petits pains, du vin et d'autres produits alimentaires ainsi que quelques pièces de monnaie. Une fois les chansons terminées et la maison bénie, les hommes embrochent les pains sur leur bâtons de berger et continuent vers la maison suivante. Si le village est grand les Koledari s'organisent en plusieurs groupes. Ils sont souvent précédés par des garçons dis "les matous" qui vont "miauler" devant les portes des maisons pour annoncer la venue des Koledari. D'autres garçons se chargent du rôle de "mulets" pour porter les dons récoltés au fur et à mesure de la ronde.

Voici un bel exemple de mise en scène d'un groupe de koledari qui nous vient d'Elena:

Noël

Comme partout dans le monde chrétien le 25 décembre l'on célèbre la Nativité (en bulgare Rojdestvo Hristovo), communément appelé Koleda (Коледа) en Bulgarie. C'est une fête qui tient une place très importante dans le calendrier des fêtes populaires bulgares. Comme en France la famille va (allait jadis plutôt) à la messe dans l'église puis se réunit autour d'un déjeuner festif. Noël marque la fin du carême est l'on peut manger à nouveau de la viande, notamment le cochon abattu la veille.

Les jours de Noël sont liés à de nombreuses croyances et coutumes d'antan qui ne sont plus observés. Les voici :

Les sales jours

Le 25 décembre démarrent aussi les 12 jours dits "sales", qui verront apparaître les mauvais esprits et les démons. Afin de se préserver des forces maléfiques les gens respectaient nombre d'interdits - ne pas sortir de la maison avant le premier chant du coq, les femmes s'abstenaient de leurs occupations habituelles - broderie, tissage, filature, tricotage, lessive. Même les rapports intimes sont proscrits sous peur d'enfanter un "mauvais" homme. Si un enfant devait naître durant ces 12 jours, les femmes lui cousaient une chemise sous 24 heures pour qu'il ne se transforme pas un démon (karakondjoul).

L'augure de l'année à venir en fonction du jour de Noël

Diverses croyances sur l'augure de l'année à venir découlaient en fonction du jour dans lequel advenait Noël. Si c'était un lundi, l'hiver serait long et froid, le printemps et l'été pluvieux et l'automne sec. La fertilité serait moyenne mais en revanche les gestionnaires auront du succès dans leurs affaires. Si c'était un mardi l'hiver serait très enneigé, le printemps très pluvieux et l'automne sec. Il n'est pas recommandé de voyage par les mers. Si c'était un mercredi l'hiver serait froid et long, le printemps sec mais une grande fertilité serait au rendez-vous; année paisible.Si c'était un jeudi l'hiver serait doux, le printemps et l'été bien éventés; le miel et les légumes seraient rares et les fruits abondants. Les hommes du pouvoir s'alterneraient. Si c'était un vendredi l'hiver serait très froid, l'été pluvieux et l'automne sec. Les vignes seraient chargées, les hommes du pouvoir seraient acclamés. Si c'était un samedi l'hiver serait très enneigé, le printemps éventé et l'été pluvieux. La fertilité serait médiocre et des catastrophes naturelles seraient possibles. Si c'était un dimanche l'hiver serait doux, l'été sec et l'automne éventé. Les hommes du pouvoir seraient mis à mal.

L'origine du nom Koleda

Vous avez compris Noël en Bulgarie se nomme Koleda. Quelques tentatives d'explications hâtives cherchent à attribuer le mot Koleda au mot latin calendae (premier jour du calendrier) mais c'est sans tenir compte du riche passé tissé du mélange des cultures des peuples qui ont habité le territoire de la Bulgarie actuelle. Or, des études étymologiques pointent l'origine de ce mot vers les pratiques de culte des Slaves qui célébraient le solstice d'hiver le 24 décembre. Le dieu qui était au centre de cette célébration s'appelait Kolyada ou encore Kolenda (d'où le raccourci avec le romain calendae). Certes les Slaves arrivent après les Romains mais il est très peu probable qu'un important dieu slave fut nommé avec un mot romain. Néanmoins, dans la version grecque du mot koleda κάλαντα, le mot se compose de la racine latine calo (καλέω)(apporter une nouvelle) et du verbe chanter (κ)άδω. En russe le mot grec est devenu kolyadka (chanson de Noël). Le mot Koleda, Kolyda et ses variations existe chez les Polonais, les Tchèques, les Lituaniens, les Serbes et les Croates. Il signifie la même chose.

D'autres tentatives, drôles cette fois, associent le mot Koleda au fait de saigner le cochon car le mot bulgare pour saigner (dans le sens mettre sous le couteau) est kolya et les hommes attelés à la tâche kolyatchi. Ces explications ne couvrent pas entièrement le sujet car de nombreux autres pistes étymologiques existent mais ce n'est pas de toute manière le but de cet article.

Autres rites et usages aux alentours de Noël

Sourvakouvané

bulgarie fête noel

Cette coutume est assez originale et elle fait le bonheur des enfants. Elle consiste dans la présentation de vœux pour la nouvelle année, exprimés à l'aide de tapes dans le dos avec une tapette spécialement préparée à l'occasion, appelée sourvaknitza. Il s'agit d'une branche de bois très souple et suffisamment dure (en général du cornouiller ou du mûrier) qui possède des petites ramifications qu'on lie en forme de 2 à 3 grands cercles (un plus grand à la base et un plus petit en hauteur). Cette tapette est décorée avec des tout petits pains, des petits piments, des haricots enfilés sur un fil, du maïs soufflé (popcorn), etc. Elle peut être tout simple aussi, rien que de la branche tressée.

Le lendemain de Noël chaque enfant prend sa propre sourvaknitza et part faire sa tournée auprès de parents, grands-parents et voisins. Lorsque le bénéficiaire de ces vœux voir apparaître le bâton tressé, il tourne son dos et se laisser taper avec la sourvaknitza alors que son porteur enchaîne ses invocations pour une bonne et heureuse année. Plus fortes les tapes, meilleures en seront la santé et la prospérité. Enfin, ce n'est pas uniquement aux enfants que ce rite est réservé, tous les membres de la famille y participent volontiers.

Toi, mon cochon !

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Il ne se passe pas Noël sans que le cochon n'en fasse les frais. Il est de tradition, à l'approche de Noël, de tuer le cochon. C'est aussi une grande occasion de se rassembler pour entamer les fêtes de Nouvel An, en famille d'abord, et avec des amis (qui, eux, n'auraient pas de cochon propre). Les villes se vident pendant les weekends et les citoyens font un retour en masse aux sources, c'est à dire à la campagne. Mettre terme à la vie du cochon, qui a été engraissé toute une année, n'est pas une mince affaire ! Le travail s'organise en équipes. Le groupe d'assaut - ce sont les hommes et la logistique - les femmes et les enfants. Dans les familles de chasseurs le coup de fusil arrange l'affaire, chez tous les autres il se produit la scène où quelques hommes, dont un armé du couteau du boucher, courent après le cochon jusqu'à ce qu'il soit attrapé, immobilisé dans un combat brutal homme / animal et puis... enfin, vous imaginez. Le feu cochon est placé sur une large planche en bois, il est ensuite "brûlé" et nettoyé au couteau. Entre-temps un feu a déjà été fait pour obtenir de la braise et improviser un barbecue. La pièce la plus délicieuse - les oreilles grillées !