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Vassil Levski

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Vassil Levski

S'il y a un nom qui occupe de façon indéniable la plus haute place dans la conscience collective bulgare c'est bien celui de Vassil Levski - révolutionnaire bulgare du XIX siècle, dit encore "l'apôtre de la libération bulgare".

Il fut le moteur d'un vaste mouvement pour la libération de la Bulgarie du joug de l'empire ottoman, mouvement qui trouva le sommet de son expression en la tragique insurrection d'avril 1876 et se couronna en 1877-1878 par une guerre russo-turque ayant abouti à la Bulgarie libre. Une Bulgarie libre que Levski ne vit pas.

Républicain dans son âme, Vassil Levski ne fut pas un révolutionnaire ordinaire mais un grand humaniste et idéaliste, un héros de son temps et dont le personnage ne saurait pas se limiter à la seule Bulgarie.

Qui fut Vassil Levski

Vassil Ivanov Kountchev, de son vrai nom, fut né le 18 juillet 1837 à Karlovo et mourut pendu le 18 février 1873 aux alentours de Sofia. A 14 ans, après la mort inopinée de son père il doit assumer avec ses deux frères les charges de la famille. En 1855 il suivit pendant 2 ans des classes de l'école de Stara Zagora, suivi d'une année dans une école monastique chrétienne. En 1858 il devint prêtre au monastère de Sopot, sous le prénom Kiril. Cependant, sa vie cléricale fut de courte durée car en 1862 il quitta la Bulgarie en direction de Serbie / Bélgrade pour s'inscrire dans la Légion bulgare du révolutionnaire Gueorgui Rakovski.

Selon la légende son nom Levski (dérivé du mot "lion"), proviendrait de son séjour à la Légion. Il se serait illustré par ses aptitudes physiques et après un exercice de saut en longueur Vassil aurait à ce point impressionné ces camarades par la longueur de son bond qu'ils l'ont depuis surnommé "Levski" (comme un lion). C'est là-bas que Vassil Levski connut pour la première fois le milieu révolutionnaire bulgare et ses idées.

Après la dissolution de la légion il participa en 1863 dans le groupe de Ilyo voïvoda. En 1864 il coupa ses cheveux de moine pour se dédier entièrement à la cause révolutionnaire. Il cherchait à revoir G.Rakovski (celui étant refugié en Roumainie) et les deux hommes se rencontrèrent à nouveau en 1866. En 1867 Rakovski le désigna comme porte-drapeau dans le groupe armé de Panaïot Hitov, lequel pénétra en Bulgarie pour mener une lutte armée. Déçu par la déroute de cette expédition Levski arriva à la conclusion que mener la guerre à l'empire ottoman par le biais de groupes paramilitaires ne ferait pas aboutir la cause nationale. L'anéantissement du groupe de Stéfan Karadja et de Hadji Dimitar confirma ses doutes. Il se mit à chercher un autre moyen et évoquera dans une lettre à Panaïot Hitov qu'il envisageait une autre entreprise, laquelle serait au bénéfice de la patrie et que "si je gagne, gagnera le peuple entier, si je perds, je ne perdrai que moi-même".

Les comités revolutionnaires

Vassil Levski fut persuadé que seul un mouvement à vaste échelle, soutenu par le peuple, pouvait  renverser l'empire ottoman et libérer la Bulgarie. Il s’attela à sa réalisation.

En 1868 Levski alla à Bucarest (Roumanie) où il entra en contact avec l'organisation "Société bulgare". A cette époque il rencontra un autre grand personnage de l'histoire bulgare - Hristo Botev. La même année il entreprit son premier voyage, à Constantinople (Istanbul) pour sonder les possibilités sur le terrain de l'organisation d'un tel mouvement.

En janvier 1869 il quitta Istanbul et se lança dans un grand voyage à travers toute la Bulgarie. Il rencontra des personnes de confiance, des connaissances, auxquelles il prôna la cause révolutionnaire. En à peine un mois et demi il fut persuadé qu'un grand soulèvement populaire armé était possible. En mai de la même année il reprit un second voyage, cette fois avec des tracts révolutionnaires et se présentant comme représentant de l'organisation révolutionnaire bulgare en Roumanie.

Commence le temps des comités révolutionnaires locaux. Le premier fut organisé à Pléven. Suivèrent Karlovo, Sopot, Kazanlak, Sliven, Véliko Tarnovo, Lovetch, Nikopol. A la fin de 1869, à Bucarest, il créa ensemble avec Lyuben Karavelov le Comité central révolutionnaire bulgare. Vassil Levski défendit l'idée que les Bulgares ne pouvaient pas compter sur une aide extérieure pour se libérer de l'empire ottoman. Le salut de la patrie ne saurait venir que d'une mobilisation intérieure.

Cette idée ne fut pas embrassée par l'émigration bulgare et Levski, déçu, concentra son effort en Bulgarie à partir de 1870, en s'attelant à étendre le réseau des comités révolutionnaires. Une activité intense qui alla jusqu'à la fin de 1872. Levski s'était déjà fait un nom auprès du pouvoir ottoman, mais il restait insaisissable. Il se déplaçait souvent déguisé en commerçant, artisan ou pauvre paysan.

Arrêt et mort

L'un des acolytes de Levski - Dimitar Obchti, planifiait une attaque contre un convoi des postes turques. Levski s'opposa à ce plan car il se savait recherché et que le pouvoir ottoman traquait activement les acteurs du mouvement révolutionnaire. Le convoi en question était peu gardé et Levski sentit le piège. Son avis ne fut pas suivi et le 22 septembre 1872 Dimitar Obshti mena l'attaque avec ses hommes dans le col du Balkan Arabakonak (route Sofia - Botevgrad).

Le convoi s’avéra effectivement un guet-apens et les hommes furent tués ou capturés. C'était un coup dur pour l'organisation révolutionnaire. Levski décida alors de se réfugier temporairement en Roumanie, en emportant avec lui la documentation révolutionnaire.

Sur ce voyage, le 27 décembre 1872, il fut arrêté par la police turque dans l'auberge Kakrina (près de Lovetch), lors d'une opération générale de la police, à la recherche de révolutionnaires. Longtemps il sera dit que Vassil Levski fut trahi par le pope Krastyu (un des ses acolytes, le seul qui le soutint dans son opposition à l'attaque de convoi des postes). Cette thèse fut étayée par un ouvrage de Dimitar Strachimirov en 1925 où l'auteur prouvait que ledit Krastyu était devenu informateur du pouvoir turque. Selon une autre soupçon le traître était Martin Poploukanov, le président du comité révolutionnaire de Lovetch.

Ses suppositions ont fait coulé beaucoup d'encre (et en font toujours) mais aucune d'entre-elle n'a acquis un statut de vérité. La réalité est que la police ignorait complètement l'identité de Levski et il ne fut alors qu'un quidam sans papier, retenu dans un cadre général. Autrement dit l'on ne savait pas d'aucune façon à cet instant que c'était précisément Levski qui fut capturé. Il fut amené avec d'autres à Véliko Tarnovo ce n'est qu'après deux semaines qu'il fut pris connaissance de son identité. Il fut des lors transféré de Véliko Tarnovo à Sofia, escorté par 20 gardes. Jusqu'au dernier instant il garda l'espoit que ses acolytes le libéreraient.

Levski devait être jugé devant un tribunal, dans le cadre de l'attaque du convoi des Postes. Avant de passer au tribunal, une commission est constituée pour l'examen de l'affaire et des accusés. Il assure lui-même sa défense, espérant au procès politique (et dans le cadre duquel une condamnation de mort n'est pas applicable).

Cependant, les choses prendront rapidement une tournure autre, de fait de l'importance personnelle de Vassil Levski. Pour ne pas trahir l'organisation Levski tenta de se fracasser le crâne lui-même contre le mur de sa cellule, sans parvenir à se tuer.

Il est établi aujourd'hui que le cas de Levski fut une préoccupation toute particulière des services secrets russes. Le pouvoir ottoman n'avait pas l'intention de mettre à mort V.Levski mais de l'envoyer en prison, en Asie Mineure. Révolutionnaire certes mais sur le plan pénal il n'était pas considéré plus qu'un fauteur de troubles et son emprisonnement était la mesure. Par le biais du compte Ignatieff la Russie a activement œuvré et insisté auprès du pouvoir afin qu'il soit jugé à mort et non pas comme un accusé du droit commun. La politique d'expansion de la Russie qui allait se confirmer dans la guerre de libération de la Bulgarie menée contre l'empire ottoman voulait que toute figure nationale forte soit éliminée.

Suite à ces pressions et manœuvres la commission prononce une condamnation à mort par pendaison pour Vassil Levski et Dimitar Obshti le 14 janvier 1873 et la confirma le 21 janvier 1873. Ce procédé est à l'encontre de la procédure judiciaire ottomane car l'affaire n’alla jamais devant un véritable tribunal mais tint lieu devant un concile. 60 autres personnes furent condamnées à la prison.

Le 18 février 1873 Vassil Levski est pendu dans les alentours de Sofia (aujourd'hui plein centre-ville, à la place est érigé un monument). Ses derniers mots étaient : "Ce que j'ai fait, je l'ai fait pour la patrie"

Levski et l'idée républicaine

Lorsqu'on lui posa la question "Qui élira-ton pour roi dans la nouvelle Bulgarie ?" Vassil Levski répondit "Nous ne menons pas cette entreprise pour remplacer un tyran par un autre !"

Porté par de profondes convictions républicaines, la vision de Vassil Levski portait bien au delà du seul problème d'indépendance nationale. Il précisa plus qu'une fois que son combat visait un "un pouvoir de l'empire ottoman pourri" et que les paysans turques "étaient des frères de malheur". Il ne confondait pas "identité nationale" et "nationalisme".

Aujourd'hui des mouvements nationalistes et des citoyens "patriotes" se revendiquent, à tort, de lui et d'autres grands patriotes de son temps. Vassil Levski fut un idéaliste et un grand humaniste.

Quand on lui demanda "Que feras-tu après la libération de la Bulgarie ?" il dit "J'irai en Russie pour refaire la même chose, car un autre peuple etouffe sous le règne d'un tyran !". La Russie prit bien soin que cela ne se produise pas.

A visiter

Musée Vassil Levski à Karlovo (site en anglais)